L'anastrozole, inhibiteur de l'aromatase (une enzyme qui gouverne la transformation des androgènes en estrogènes) a un mécanisme d'action différent de celui du tamoxifène, qui bloque l'entrée des estrogènes dans les cellules cancéreuses. Faut-il rappeler que le tamoxifène est, depuis de nombreuses années, le produit de référence pour l'hormonothérapie adjuvante des cancers du sein hormonosensibles de la femme ménopausée.
L'étude ATAC (Arimidex Tamoxifen Alone or in Combination), portant sur 9 300 femmes, avait déjà porté un coup à la suprématie du tamoxifène : une analyse à quatre ans montre en effet qu'Arimidex réduit de 14 % le risque de récidive (HR = 0,86 ; IC : 0,76-0,99 ; p = 0,030). La réduction du risque atteint même 18 % (HR = 0,82 ; 0,70-0,96 ; p = 0,014) si l'on ne considère que les tumeurs hormonosensibles (84 % des femmes incluses). Parallèlement, le délai d'apparition d'une récidive est statistiquement augmenté (p = 0,013) sous Arimidex et plus encore si l'on ne considère que les tumeurs hormonosensibles (p = 0,003).
La plus grande efficacité d'Arimidex va de pair avec une diminution significative de l'incidence de plusieurs effets secondaires importants : risque de cancer de l'endomètre (0,1 % vs 0,7 %), des accidents vasculo-cérébraux (1,1 % vs 2,3 %), des accidents thromboemboliques (2,2 % vs 3,8 %), des saignements et écoulements vaginaux, des flushes...
La seule supériorité du tamoxifène concerne les troubles musculo-squelettiques et les fractures (4,4 % contre 7,1 % sous Arimidex ; toutefois, le risque de fracture se stabilise sous Arimidex après deux ans de traitement et devient comparable dans les deux groupes à partir de la 3e année).
Ainsi, Arimidex représentait déjà une alternative séduisante au traitement par tamoxifène dans l'hormonothérapie adjuvante de première intention des cancers du sein hormonodépendants de la femme ménopausée. Il restait cependant à déterminer si des femmes déjà traitées par tamoxifène tireraient un bénéfice du remplacement de ce produit par Arimidex, une question qui concerne 750 000 femmes dans le monde.
L'étude ITA
L'étude ITA, ayant inclus 449 patientes italiennes, répond à cette question ; les malades étaient ménopausées, présentaient un cancer hormonosensible diagnostiqué à un stade précoce mais avec envahissement ganglionnaire. Après chirurgie, associée ou non à la radiothérapie et/ou à la chimiothérapie, ces patientes avaient reçu deux à trois ans de tamoxifène (20 mg/j) avant d'être répartis entre deux bras, pendant deux à trois ans, soit maintien du traitement par tamoxifène, soit remplacement par anastrazole (1 mg/j).
Les résultats à deux ans montrent que cette substitution entraîne une diminution des récidives locales (2 contre 12) et de l'ensemble des récidives. La survie sans récidive est également significativement allongée (p = 0,007). Parallèlement, le nombre des événements secondaires sévères (cancer de l'endomètre, thromboses veineuses profondes...) est significativement réduit sous Arimidex (2 contre 13).
Pour le Pr J. Tobias (Londres), ces résultats montrent que le tamoxifène, s'il ne doit pas être abandonné, peut être remplacé par Arimidex, avec un gain d'efficacité et de tolérance : un choix particulièrement important pour les cas résistant au tamoxifène ou lorsque apparaissent des effets secondaires sévères sous ce traitement.
AstraZeneca : la volonté de rester leader en oncologie
Comme l'a rappelé M. Tony Coombs (Global Product Director), Arimidex et le tamoxifène (Novaldex) sont tous les deux issus de la recherche AstraZeneca, groupe qui est en deuxième position parmi les laboratoires se consacrant à l'oncologie. Une place due en grande partie à la tradition du groupe dans le domaine de l'hormonothérapie dans le cancer du sein mais aussi dans le cancer de la prostate avec, en particulier, Casodex et Zoladex.
Mais la recherche AstraZeneca en oncologie qui, en 2002, a absorbé quelque 200 millions de livres sterling, est loin de se limiter à l'hormonothérapie, à la recherche d'agents antivasculaires et antiprolifératifs ayant des modes d'action fort divers. Le projet de développement le plus important étant représenté par Iressa, inhibiteur de l'EGFR déjà commercialisé dans de nombreux pays, notamment aux Etats-Unis et au Japon dans le traitement du cancer du poumon non à petites cellules.
Dr A. M.
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