UNE EQUIPE de chercheurs français, singapouriens et néo-zélandais publie dans les « Proceedings of the National Academy of Sciences » un travail sur l'une des causes possibles de dissémination métastatique chez les femmes atteintes de carcinome mammaire.
Dans un premier temps, les investigateurs ont montré que la production autocrine d'hormone de croissance (hGH) par les cellules mammaires carcinomateuses induit une modification phénotypique des cellules du mésenchyme. Ce phénomène se traduit par une majoration des capacités de migration cellulaire et d'invasion des matrices extracellulaires. Ces résultats sont concordants avec un travail déjà présenté par l'équipe coordonnée par le Dr S. Mukhina. Il montrait que, comparé à des cellules mammaires saines ou à des cellules isolées à partir de formes peu agressives de cancers du sein, l'expression du gène de l'hGH est majoré au sein des cellules carcinomateuses métastatiques présentes dans les ganglions lymphatiques de femmes atteintes de cancer avec envahissement locorégional. Pour les auteurs, « en se fondant sur ces divers résultats, il devient concevable que l'hGH autocrine puisse représenter une cible thérapeutique potentielle pour limiter l'invasion locale et à distance des tumeurs mammaires ».
Augmentation de la mobilité cellulaire.
La survenue de métastases est un phénomène complexe qui fait intervenir différents événements qui se déroulent simultanément : perte des contacts cellulaires aboutissant à une libération de cellules tumorales isolées ; augmentation de la mobilité cellulaire ; production de protéases. L'ensemble de ces phénomènes se conjugue. Il contribue à une invasion des cellules au sein de la matrice et des tissus environnants, ainsi qu'à une pénétration des cellules tumorales dans la circulation sanguine et lymphatique. Il semblerait que ces phénomènes soient en rapport avec une dysfonction des mécanismes d'adhésion intercellulaire qui, à l'état physiologique, dépendent de différentes protéines, par exemple la plakoglobine et la E-cadérine.
L'équipe du Dr Mukhina a observé que la production autocrine d'hGH par les cellules de carcinome mammaire humain induit une perte des contacts intercellulaires par le biais d'une diminution de l'expression de la plakoglobine. Cette protéine aux fonctions multiples interagit avec la E-cadhérine cytoplasmique et la bêtacaténine conduisant à un réarrangement des molécules impliquées dans le fonctionnement des jonctions intercellulaires et des desmosomes (autre organite impliqué dans l'adhésion entre cellules).
L'expression de la plakoglobine.
Les investigateurs ont ensuite induit au sein d'une culture de cellules tumorales mammaires sécrétant de l'hGH une majoration de l'expression de la plakoglobine. Cette manipulation a permis de contrecarrer les effets cellulaires de l'hGH limitant nettement les capacités d'invasion métastatique locale et à distance.
Pour les auteurs, « ces observations doivent maintenant inciter à mettre en place des études évaluant l'intérêt d'un antagoniste des récepteurs de la hGH en présence d'une tumeur mammaire à potentiel métastatique ».
« Proceedings of the National Academy of Sciences », édition avancée en ligne.
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