L’hospitalisation privée est un acteur incontournable de l’offre de soins en France, au côté de l’hospitalisation publique. Elle représente 36 % (source ATIH) des 18,3 M de séjours dont 2/3 de l’Ophtalmologie et plus de 50 % de l’ORL, Orthopédie ou Digestif.
C’est également un employeur de référence dans les régions avec plus de 130.000 employés (source DRESS) et 40.000 médecins. Elle s’est structurée ces dernières années et les trois principaux groupes « MCO » (Médecine Chirurgie Obstétrique) -Ramsay Générale de Santé, Elsan et Capio- traitent 4,5 M de patients chaque année dans 272 établissements dans lesquels ils investissent plus de 300M€ par an (source McKinsey - Étude New deal Etat-MCO privé).
Actes sous-rémunérés, système coûteux, le paradoxe français
Aujourd’hui, le système hospitalier français est au bord de la rupture, non seulement dans le public où le déficit approche le milliard d’euros et concerne 48 % des centres hospitaliers mais aussi dans le privé, avec 147 établissements en déficit soit 30 % 2 des cliniques. Cette situation génère, entre-autre, un malaise social profond pour les équipes soignantes et médicales et suscite l’inquiétude des Français. Selon une enquête Odoxa pour la MNH, plus d’un tiers des personnels hospitaliers sont insatisfaits de leur travail (+ 15pts vs moy. nationale) et plus de 50 % déclarent un niveau de stress inacceptable (+ 19pts vs moy. nat.). Un tiers seulement estime disposer du temps suffisant pour accomplir son travail (-38pts vs moy. nat.).
La raison principale de cette situation est la conjugaison d’une baisse tarifaire cumulée de 6,1 % ces 5 dernières années et d’une inflation cumulée de 3,7 %, créant ainsi un « effet ciseau » délétère pour la profession. Le pilotage comptable et la tarification à l'activité, instruments d'une réduction continue des tarifs a atteint ses limites, et place le système de santé français dans un paradoxe : selon l'OCDE, il s'agit de l'un des plus chers du monde (pesant plus de 11 % du PIB), alors que les prix des actes sont parmi les moins élevés (une pose de prothèse de genou en France coûte entre 71 et 180 % de moins qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas).
Un risque d'explosion sociale
La transformation du système de santé est donc indispensable et urgente. Si elle semble démarrer avec une volonté affichée de collaboration entre l'Etat et les principaux acteurs de l’hospitalisation privée, il ne faut pas sous-estimer la gestion de la période de transition qui durera plusieurs années (5 à 10) dans un contexte d’inflation renforcée.
Dans ce contexte, renforcé par une hausse de l'inflation, il existe un risque d’explosion sociale en cas de poursuite de la pression tarifaire, tant dans le public que dans le privé.
Pour permettre aux acteurs publics et privés de s’engager et gérer au mieux la pression sociale dans un contexte d’inflation projetée supérieure à 1,7 % (source FMI) et le temps suffisant pour que la transformation porte ses fruits, nos équipes Roland Berger évaluent qu'un accord hospitalier sur trois ans fondé sur une augmentation tarifaire de 1,0 % par an est nécessaire à un rééquilibrage du système.
Cet accord est rendu possible, étant donné l’inflexion des volumes hospitaliers dont la tendance projetée est en progression de seulement +0,6 % p.a. dans les prochaines années (Étude Roland Berger septembre 2018) , contre +1,3 % sur les 3 dernières (2014-2017) et par la poursuite du développement de l’ambulatoire dont l’effet "rapporte" -0,6 % de dépenses par an.
Cette inflexion de la progression des séjours hospitaliers est liée à la saturation de certaines prises en charge comme la cataracte ou l’endoscopie, l’impact d’innovation médicale avec la baisse des complications associées à l’hépatite C ou la baisse de la natalité.
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