Hôpital 2007 : cinq syndicats s'en prennent à la méthode de négociation du gouvernement

Publié le 09/10/2003
Article réservé aux abonnés

Les fédérations santé FO, CGT, UNSA, CFTC et SUD veulent « l'ouverture de réelles négociations sur le devenir de l'hôpital », et ne désirent pas poursuivre « des discussions sur l'hôpital à travers des commissions qui morcellent le débat et ne prennent pas en compte la globalité du problème ».

Référence est faite aux quatre groupes de travail Hôpital 2007 portant sur la gouvernance, les directeurs, les médecins et le régime budgétaire et comptable des hôpitaux, dont les conclusions sont attendues en fin d'année. « Les sujets traités sont intéressants, mais le gouvernement n'aborde pas les questions relatives aux personnels, qui sont primordiales : effectifs, amélioration des conditions de travail, formation, qualifications, promotions... », écrit FO dans un communiqué.
La critique ne s'arrête pas là. « On a l'impression qu'on nous mène en bateau car tout semble écrit d'avance, il n'y a pas de vraie concertation », ajoute Jean-Marie Bellot, de FO-Santé. C'est également l'impression d'Irène Leguay, de SUD-Santé : « On ne dispose d'aucune marge de manœuvre dans les groupes de travail, il s'agit en fait de simples discussions où on nous demande de ratifier les démarches choisies par le gouvernement. »
A l'UNSA, autre signataire de la déclaration commune, plus que le fond de la politique menée par le ministre, c'est la forme qu'on critique : « On n'est pas opposé à certaines mesures du plan Hôpital 2007, mais c'est avec la façon de travailler qu'on n'est plus en phase », dit Willy Kalb, le secrétaire national. Nadine Prigent, de la CGT, aimerait pour sa part que les discussions sur Hôpital 2007 s'inscrivent dans un débat plus global. « A la suite de ce qui s'est passé cet été, il faut engager un débat national sur le système de santé, et dans ce cadre, discuter des problèmes et de la place de l'hôpital, avant de discuter de façon cloisonnée des directeurs, des médecins, du budget et de la gouvernance », dit-elle, convaincue que le gouvernement « cherche à détourner le débat de fond pour imposer une gestion de l'hôpital qui se rapproche de l'entreprise, avec des critères de rentabilité ».

Appel aux médecins

Au premier rang des motifs d'inquiétude, figure la T2A, la fameuse tarification à l'activité que devront (partiellement) appliquer hôpitaux et cliniques à partir du 1er janvier 2004. Sa mise en œuvre et celle de nouvelles procédures budgétaires « augmenteront le nombre de contractuels et favoriseront de nouvelles fermetures de lits, de services, au nom de la rentabilité », écrivent les cinq organisations syndicales dans leur déclaration. Jean-Marie Sala, de SUD-Santé, est inquiet « car ce chantier ouvert, qui avance très vite, risque de chambouler complètement le paysage sanitaire », notamment si l'activité des cliniques et des hôpitaux devient comparable.
Les cinq syndicats de salariés vont transmettre leur déclaration aux syndicats de médecins hospitaliers. L'union fait la force, rappelle Nadine Prigent, de la CGT. Les salariés espèrent que les médecins aussi pensent que « la logique politique du ministre de la Santé n'est pas la bonne, puisqu'elle ne va pas dans le sens du service public ».
Trois syndicats n'ont pas signé la déclaration : la CFDT, la CFE-CGC et le SNCH (Syndicat national des cadres hospitaliers). Pour Thierry Petyst de Morcourt, de la CFE-CGC, il est prématuré de juger l'action gouvernementale en matière hospitalière. « On ne peut pas juger tant qu'on n'est pas arrivé au terme des discussions au sein des quatre groupes de travail. C'est vrai que certaines orientations sont déjà prises. Mais il faudra voir ensuite le détail de ces mesures, au travers des décrets d'application. »

Delphine CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7401