QUATORZE CHERCHEURS ont été distingués cette année par la Fondation pour la recherche médicale. «Les lauréats sont des chercheurs de très haut niveau, appartenant à toutes les disciplines de la recherche médicale sans exception, a souligné Pierre Joly, président du conseil de surveillance. On ne louera jamais assez leur dévouement en faveur des progrès de notre santé.»
La remise du grand prix a ouvert le bal. C'est Pierre Golstein, médecin chercheur, qui a été honoré pour l'ensemble de sa carrière et plus particulièrement pour son rôle de pionnier dans des domaines de la biologie qu'il a contribué à rendre majeurs, ceux du système immunitaire et de la mort cellulaire programmée.
Un parcours d'exception pour ce médecin passé par le Karolinska Institute de Stockholm et l'Albert Einstein College of Medicine de New York, avant de prendre la tête, il y a plus de vingt ans, du centre d'immunologie de Marseille-Luminy. Les recherches qu'il a conduites ont permis de prouver l'existence de deux processus de mort cellulaire programmée, l'apoptose et la nécrose, en travaillant sur le modèle des cellules interdigitales de souris. Il a caractérisé ensuite un autre processus de mort cellulaire, la mort autophagique vacuolaire grâce à l'étude d'un autre modèle, le protiste Dictyostelium discoideum. Ses recherches ont par ailleurs conduit à l'émergence de recherches thérapeutiques d'envergure, comme c'est le cas avec CTL-4, peut-être utilisable comme cible dans le traitement de cancers, ou CTL-8, qui régule la production du facteur de nécrose tumorale (TNF).
«Vrai savant», selon les termes élogieux du Pr Alain Fischer, qui lui a remis le prix, Pierre Golstein a tenu à rappeler que «le vivant demeure largement inconnu, qu'il déborde les quelques modèles de laboratoire». Se faisant ainsi le porte-parole d'une recherche fondamentale riche, curieuse, renouvelée. Pierre Joly a pu, lui aussi, dire son attachement au lien entre recherche fondamentale, recherche biomédicale et recherche clinique, qui se rejoignent «au service de l'homme, pour l'amélioration de la qualité des soins, de la qualité de vie».
Le Pr Alain Prochiantz, président du conseil scientifique de la FRM, s'est chargé de présenter et de remettre les prix scientifiques et de recherche, sans oublier d'illustrer les propos de ses collègues, rappelant d'un mot le cas du « pétunia ». Ou comment l'étude d'un pigment de couleur de cette plante a mis au jour la découverte des ARN interférents sur lesquels se concentrent aujourd‘hui tout un pan de la recherche biomédicale.
Les autres prix
– Prix Raymond Rosen : Dr Paul-Henri Romeo, pour ses travaux sur la différenciation hématopoiëtique et la caractérisation des facteurs de transcription GATA-3 et TAL-1.
– Prix Lucien Artois : Dr Dominique Ferrandon, pour ses travaux sur les systèmes de détection d'infection microbienne, notamment grâce aux Pattern Recognition Receptors.
– Prix Jacques Piraud : Pr François Clavel, pour la découverte et la caractérisation du VIH2.
– Prix Jean-Paul Binet : Pr Hervé Le Marec, pour ses travaux d'identification de prédispositions génétiques dans les troubles cardiaques.
– Prix Marguerite Delahautemaison : Dr Marco Pontoglio, pour ses travaux de caractérisation d'une partie des programmes génétiques nécessaires au développement du foie, de l'intestin, du pancréas et du rein.
– Prix Rose Lamarca : Dr Jérôme Galon, pour ses travaux sur le microenvironnement de la tumeur colo-rectale, site où la qualité de la réaction immunitaire devient un paramètre important pour établir un pronostic d'évaluation d'extension de la tumeur.
– Prix Line Renaud : Dr Gianfranco Pancino, pour les avancées conceptuelles dans la compréhension des mécanismes de protection contre l'infection par le virus du sida.
– Prix Victor et Erminia Mescle : Dr Elise Chiffoleau, pour ses travaux sur la tolérance induite à une allogreffe cardiaque.
– Prix Line Pomaret-Delalande : Élodie Martin et Nathalie Bessodes, pour leurs projets de thèse, respectivement sur la paraplégie spastique héréditaire de type SPGII et sur le rôle des battements ciliaires dans la mise en place de l'asymétrie gauche-droite des organes.
– Prix Mariane Josso : Nassima Ferhani, pour son projet de doctorat sur l'identification d'une cible thérapeutique de la bronchopneumopathie bronchique obstructive.
Prix de la communication
– Prix Jean Bernard : Dr Alain Serrie (hôpital Lariboisière, Paris), pour son engagement dans le champ de la douleur, à travers des travaux de recherche, la fondation de l'association Douleur sans frontières et une dizaine de livres.
– Prix Escoffier-Lambiotte : Brigitte-Fanny Cohen, présidente d'honneur de l'Association des journalistes médicaux, chroniqueuse médicale dans l'émission Télématin.
Une campagne en novembre
La fondation organise pour la première fois, du 17 au 30 novembre, une campagne de collecte de fonds. Cette opération nationale d'appel à la générosité est parrainée par Thierry Lhermitte.
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