Hommages à Jean Danet et Philippe Clévenot

Publié le 23/10/2001

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THEATRE

PAR ARMELLE HELIOT

Deux grands hommes de théâtre, de générations différentes, se sont éteints la semaine dernière. Jean Danet, acteur et metteur en scène fondateur des Tréteaux de France, à l'âge de 77 ans, des suites d'une embolie pulmonaire. Philippe Clévenot, interprète exceptionnel, à l'âge de 59 ans. Malade depuis longtemps, il avait dû renoncer à son dernier rôle, Shylock dans « le Marchand de Venise », de Shakespeare, mis en scène par Stéphane Braunschweig, il y a deux ans.
Les chemins de Danet et Clévenot ne se sont jamais vraiment croisés mais ils auraient pu être de la même famille : René Allio dessina en 1959 la scène du théâtre itinérant, les Tréteaux de France, tandis que Clévenot joua dans « les Camisards », film culte d'Allio, en 1971.
Né en 1924 sur l'île d'Arz, en Bretagne, Danet voulut porter le théâtre partout, et le fit avec ardeur jusqu'à l'année dernière, transmettant les clefs de sa belle roulotte devenue centre dramatique national en 1974, à Marcel Maréchal, et jouant « le Malade imaginaire ». Un homme de la plus belle tradition, acteur classique, curieux des textes et aidant toujours les jeunes.
Philippe Clévenot était d'une autre génération. Né en 1942, formé au TNS, embarqué dans la belle aventure de la compagnie Vincent-Jourdheuil, il a beaucoup travaillé avec André Engel, Bernard Sobel. Présence envoûtante, diction particulière, blessé, ultra-sensible, on le revoit pour jamais au clavecin dans les lumières dorées d'un spectacle inoubliable. On le revoit pour jamais, bien sûr, aussi dans « Elvire Jouvet 40 » , de Brigitte Jaques, où il avait su, sans imiter, retrouver l'essence de la pensée du Patron. Il aimait Artaud et, en 1995, au Vieux Colombier, il avait repris, de manière bouleversante, la fameuse conférence du poète du « Théâtre et son double ».

A. H.