CLASSIQUE
« Norma » et « le Pirate », de Bellini, comme les rôles de reines outragées de Donizetti ( Lucrezia Borgia, Anna Bolena, Elisabetta de « Roberto Devereux »), « Tosca », de Puccini, furent ses rôles de prédilection. Sa carrière discographique, cependant, avait commencé dès les années soixante en Espagne où elle chantait souvent avec, comme partenaire, son mari, le ténor Barnabé Marti.
BMG réédite à l'occasion des 70 ans de la Superba, les enregistrements espagnols Vergara et Columbia qui n'avaient jamais été réédités. Quatre boîtiers de 2 CD (1) qui sont une véritable aubaine ! On conseillera surtout l'album de duos, pas tant pour les duos d'opéra avec Giuseppe di Stefano, tout à fait en fin de carrière, ni pour ceux avec Barnabé Marty qui n'y est pas inoubliable, mais pour les duos de Zarzuela où, en revanche, elle et Marty sont au sommet.
Indispensable aussi le récital de chansons espagnoles : Granados, Monpou (avec le compositeur au piano) et le moins attendu Eduardo Toldra (le premier disque qu'elle ait enregistré) et surtout les romances de Zarzuela, indispensables.
Un autre album regroupe les « encores » et recèle quelques perles comme des chansons de Ginastera, d'Oubradous et de Montsalvage. Un récital au Festival de Grenade de 1963 est restitué intégralement, avec d'extraordinaires « Sept Chansons populaires espagnoles », de Falla.
On a souvent raillé le fait que Montserrat Caballé ait un faible pour la musique de Richard Strauss. Elle y est parfois un peu exotique de prononciation, encore qu'aujourd'hui, quand règne le sabir dans l'opéra, elle serait jugée excellente, mais les prouesses vocales sont inouïes dans le récital de 1964 accompagné au piano par Miguel Zanetti.
Le dernier album « Grandes héroïnes lyriques » la montre dans le répertoire d'opéra qu'elle chante avec la simplicité, l'efficacité dramatique et la splendeur vocale, les aigus infaillibles qui sont la signature personnelle de ce soprano espagnol.
Les autres éditeurs pour qui Caballé a enregistré se sont contentés d'un hommage plus modeste.
EMI lui a consacré un album dans une nouvelle série « The very best of » reprenant sur 2 CD des extraits d'intégrales et les rares « Cinco canciones negras » de Montsalvage avec Alexis Weissenberg au piano (2).
Decca y va aussi de son double album « Vissi d'arte, the magnificient voice of Montserrat Caballé » selon le même principe, où l'on trouve cependant la scène finale de « Salomé », de Richard Strauss, ahurissante d'engagement vocal, sous la direction de Leonard Bernstein (3).
Bel hommage et bon anniversaire !
(1) 4 boîtiers de 2 CD. RCA-BMG. ADD.
(2) 2 CD EMI Classics. ADD.
(3) 2 CD Decca/Universal. ADD et DDD.
Caballé dans « Norma », de Bellini, sur DVD
Il n'existe probablement pas une scène au monde plus appropriée à « Norma », de Bellini, que celle du Théâtre antique d'Orange, avec son mur romain dominé par la statue d'Auguste. C'est là qu'eut lieu, le 14 juillet 1974, une représentation restée mémorable.
Montserrat Caballé y chantait « Norma » par une belle nuit d'été à laquelle le mistral avait décidé de s'inviter. La souveraine autorité du soprano espagnol dans un de ses meilleurs rôles, renforcée par l'effet du vent dans ses voiles de druidesse, est magique. Le dispositif du Théâtre antique très simple dans la nuit méridionale, les jeux de flambeaux, la direction romantique de Giuseppe Patané et deux partenaires magnifiques, Jon Vickers en Pollione et Joséphine Veasey en Aldagisa, tout a contribué à faire de cette « Norma » une légende. Les très riches archives de l'INA ont permit d'exhumer ce document d'une beauté quasi irréelle.
1 DVD INA/DOM. Enregistrement public. PAL. Durée : 171 min.
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