LA VIE – et la mort – de Guillaume Depardieu resteront aussi des épopées médicales. Dans « le Quotidien » (3 février 2004), l'acteur avait évoqué «l'intervention fatale» qu'il avait subie en 2003, une amputation de la jambe, consécutive à dix-sept opérations et à une infection nosocomiale, contractée après un accident de moto, en 1995. Sa notoriété et son extraordinaire charisme d'écorché vif avaient donné une résonance médiatique sans précédent à la cause des patients victimes de ces infections.
La fondation Guillaume Depardieu voyait alors le jour. Se déclarant «porte-parole de 200000handicapés ordinaires traités par le mépris», l'acteur incendiait ministres, grands patrons et médecins, sur les plateaux télé ou lors d'audiences décrochées du jour au lendemain.
«C'était sa force, déclare Alain-Michel Ceretti, fondateur du LIEN (association d'aide aux victimes d'infections nosocomiales), d'être, comme il le revendiquait lui-même, un accélérateur du temps. Un étendard de la cause. Les médecins pourront garder le souvenir de ses outrances provocatrices, les responsables politiques celui de ses coups de gueule de victime en colère, et il restera pour le grand public celui qui a fait entrer l'adjectif nosocomial dans le langage courant. Avec lui, le drame de ces infections est devenu un sujet de société traité en prime time .»
La fondation à peine lancée, elle rejoindra la structure du LIEN. Avec les dix cartons de courrier reçu et les nombreux chèques qui lui ont été adressés. «Malgré le redémarrage de sa carrière d'acteur, à partir de 2006, il a gardé un contact étroit avec nous, témoigne Alain-Michel Ceretti, toujours prêt à faire utiliser dans notre aventure collective sa gouaille et ses excès.»
Chez Mattei.
Le fondateur du LIEN n'hésite pas à lui attribuer la paternité des huit centres nationaux de référence (CNR) interrégionaux destinés à la prise en charge des maladies nosocomiales. L'un d'eux vient juste d'être inauguré par Roselyne Bachelot à Lille (« le Quotidien » du 29 septembre). «À l'origine, c'est Guillaume qui a déboulé en 2004 dans le bureau de Jean-François Mattei, alors ministre de la Santé, rappelle A.-M. Ceretti, trois sociétés savantes lui emboîtant le pas dans une conférence de consensus comme c'est la règle pour constituer des CNR.» Pour saluer la mémoire de l'artiste, le LIEN devrait donner son nom aux trois premiers prix qui seront décernés, en février prochain, sous son égide, pour récompenser les établissements hospitaliers les plus engagés dans la lutte contre les maladies nosocomiales.
Guillaume Depardieu a finalement été emporté par une pneumonie foudroyante, à l'hôpital de Garches, où il avait été rapatrié en urgence depuis la Roumanie où il participait au tournage d'un film.
Garches, l'établissement où avait commencé sa tragique destinée hospitalière et où elle aura pris fin.
Les pneumonies
Guillaume Depardieu est mort à l'hôpital de Garches d'un choc septique à la suite d'une pneumonie communautaire foudroyante, a indiqué l'AP-HP.
En France, les pneumonies touchent quelque 400 000 personnes chaque année, avec pour cause la plus fréquente le pneumocoque (130 000 cas). Entre un quart et un tiers des patients sont hospitalisés. La mortalité, de 1 à 5 % chez les patients ambulatoires, atteint 12 à 20 % s'ils sont hospitalisés, selon les études. En 1999 (dernière année d'une statistique INED), la pneumonie a tué 16 727 personnes.
Dans le cas de la pneumonie à pneumocoque, le pronostic dépend d'un traitement rapide, parfois dans l'heure.
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