L'homéopathie est de plus en plus populaire : 8,5 % des adultes y ont recours chaque année au Royaume-Uni. Mais les données qui fondent une telle pratique n'ont guère été validées. La plupart des études qui ont conclu à son efficacité ne répondaient pas totalement aux critères des essais contrôlés. Une métaanalyse (Linde et coll.) des quelques essais reconnus pour leur rigueur n'est pas assez concluante pour recommander l'homéopathie, même si elle admet que ses effets ne pouvaient être entièrement attribués à un effet placebo.
L'étude de G T Lewith et coll., que publie le « BMJ », tente, elle, de confirmer un précédent travail de Reilly et coll. en faveur de l'homéopathie. En dépit d'un protocole similaire, mais sur une plus large échelle et une période plus longue, un résultat inverse a été obtenu : l'homéopathie n'est pas plus efficace qu'un placebo.
Haute dilution d'une poussière d'acarien
Les auteurs ont recruté 242 patients (153 femmes et 89 hommes) présentant un asthme allergique (non traité par corticothérapie orale) et un test cutané positif aux acariens. Après quatre semaines de suivi, ils ont reçu soit le médicament homéopathique, haute dilution d'une poussière d'acarien, soit le placebo, en trois prises réparties sur vingt-quatre heures. L'étude s'est poursuivie pendant seize semaines.
Une évaluation clinique a été réalisée au début et à la fin de la période préparatoire, ainsi qu'aux 6e, 12e et 16e semaines : VEMS (volume expiratoire maximale-seconde), qualité de vie et de l'humeur. Les patients ont tenu régulièrement un cahier de suivi sur lequel étaient notés : le débit expiratoire de pointe (peak flow) matin et soir, le degré de sévérité de l'asthme (échelle visuelle), la qualité de vie et de l'humeur, la consommation de bronchodilateurs inhalés.
Seulement 186 patients ont terminé l'essai. Ceux qui ont abandonné avaient un asthme plus sévère (score et peak flow matinal moins bons).
Un « effet essai »
Dans les deux groupes, une amélioration significative a été observée après mise sous traitement : augmentation du VEMS, amélioration des symptômes d'asthme et des données du carnet de suivi. Mais le groupe traité n'était pas plus amélioré que le groupe placebo. Cet « effet essai » reste inexpliqué, tout comme le mode d'évolution significativement plus irrégulier dans le groupe traité. Pour le peak flow matinal, le score symptomatique et l'humeur, les périodes d'aggravation alternaient avec des périodes d'amélioration. « Nous ne pouvons expliquer les raisons de ces oscillations, mais nous ne pouvons exclure une erreur résultant de l'utilisation de variables multiples », expliquent les auteurs. Enfin, une tendance (non significative) à une moindre consommation de bronchodilatateurs dans ce groupe a aussi été notée au cours des quatre dernières semaines.
Les éditorialistes du « BMJ » soulignent que ce type d'essai cadre mal avec la pratique très individualisée de l'homéopathie. « Les essais randomisés sont sûrement pertinents pour juger de l'efficacité, mais pas pour arbitrer une controverse philosophique. »
« British Medical Journal », 2 mars 2002, vol. 324, pp. 520-521, pp. 498-499.
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