François Hollande a adopté sa stratégie il y a un an également, à une époque où personne ne lui aurait donné une chance de l’emporter. La disparition politique de Dominique Stauss-Kahn a certes joué en faveur de M. Hollande, mais il a su capter l’attention du peuple et le rassurer tout à la fois. Sa constance ne s’est jamais démentie. S’il est vrai qu’il a a riposté aux effets d’annonce de M. Sarkozy par d’autres effets d’annonce, s’il est vrai qu’il a perçu le danger présenté par M. Mélenchon, ce qui l’a conduit à surenchérir avec sa fameuse taxe de 75 %, le reste du temps il s’en est tenu à son programme, il a refusé de céder aux sirènes écologistes (quitte à être confus sur le nucléaire) et à la démagogie du Front de gauche.
Sans prétendre annoncer les résultats du second tour, nous pouvons tenter de voir ce qui va se passer dans les jours qui viennent. M. Hollande n’a besoin de personne. Il peut faire des sourires aux Verts et à M. Mélenchon, il n’est pas du tout obligé de leur faire des concessions programmatiques : il a conclu un pacte avec Europe Ecologie-Les Verts, et il a déjà dit qu’il ne négocierait pas avec M. Mélenchon, lequel semble s’y résigner. M. Sarkozy, lui, doit convaincre les électeurs de Marine Le Pen et de François Bayrou de voter pour lui. C’est une tâche insurmontable parce que le FN et le MoDem sont diamétralement opposés sur le plan idéologique. Certes, M. Sarkozy n’en est pas à une contradiction près. Il peut dire à tous les électeurs FN que, avec Hollande, ils auront pire que lui. Il n’est pas sûr qu’ils le croient, en dépit de la logique froide du propos. Il peut dire à ceux du MoDem qu’il est capable de faire la grande synthèse extrême droite, droite et centre, mais la plupart préféreront voter Hollande. Bref, sur le papier, M. Sarkozy est battu par les chiffres, et surtout par des réserves d’électeurs irréconciliables, qui n’ont voté au centre ou pour Mme Le Pen que parce que, pour commmencer, ils ne supportent plus M. Sarkozy. Ce qui joue en faveur du président sortant, c’est qu’il est qualifié, c’est-à-dire qu’il va avoir droit à la moitié du temps de parole, alors que, pendant la campagne officielle, sa voix était perdue au milieu des autres, ce qui explique peut-être que sa dynamique se soit enrayée. Vaincre par le verbe ? L’arme n’est pas suffisante, face aux bataillons serrés de la gauche.
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