C’est ce qui surprend le plus dans les informations variées (et abondantes) que « le Monde », notamment, a publiées. Que le chef de l’État refuse d’être d’ores et déjà condamné par l’histoire, qu’il refuse qu’on l’écrive à sa place pour les deux ans qui viennent, qu’il utilise, pour se maintenir au pouvoir, tous les moyens dont il dispose légalement, quoi de plus naturel. Mais la perspective de son retour en force en 2016 nous semblerait plus crédible si elle reposait sur un plan socio-économique efficace et pas seulement sur des discours ou des entretiens télévisés. Il compterait beaucoup, le mois prochain sur les déclarations répétitives qu’il devra faire, comme chaque année, pour présenter ses vœux aux corps constitués. L’opinion trouvera-t-elle dans son art oratoire de quoi se convaincre qu’elle doit en reprendre pour quatre ans ?
Le président de la République, décidément insensible à l’adversité, ne croirait même pas que la primaire à gauche est inévitable. De ce point de vue, il ressemble à Nicolas Sarkozy, qui n’a jamais cru à une primaire à droite, mais qui, en se faisant élire à la présidence de l’UMP, a accepté ce qui semble inéluctable. Le débat sur la primaire à gauche est certes prématuré et il n’existerait que parce que François Hollande ne tient pas à le tuer dans l’œuf. Il n’en penserait pas moins, persuadé qu’il est que sa figure tutélaire s’imposera le moment venu aux autres candidats potentiels. Là encore, la sous-évaluation de quelques ténors socialistes ambitieux qui de l’incendie du PS (appelé à se déchirer lors de son congrès en juin 2015) voudraient tirer les marrons ressemble à la sous-estimation par M. Sarkozy de ses concurrents à droite. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que la primaire n’est pas faite pour un président en exercice, qu’il lui suffit de laisser dire qu’il réclamera un second mandat pour affaiblir, sinon éliminer, les autres éventuelles candidatures de gauche.
Les dégoûtés du hollandisme.
Oui, mais quelle majorité, quelle cote de popularité, quelle emprise sur l’opinion ? M. Hollande tendrait à ignorer ses faiblesses, qui sont très grandes. L’idée qu’il pourrait se rabibocher avec les Verts montre qu’il n’a pas encore compris ce qu’ils sont, lui qui a toujours regretté le départ de Cécile Duflot de son gouvernement. Les Verts ne sont pas un parti écologiste, c’est un mouvement d’extrême gauche, qui, après avoir refusé de gouverner avec M. Valls, essaiera (vainement) de trouver une majorité avec tous les dégoûtés du hollandisme. En d’autres termes, la démarche prêtée à François Hollande serait pleine d’inconnues et même de contradictions, car il n’a pas du tout l’intention de renoncer à sa politique économique, conduite par Emmanuel Macron et délibérément libérale. Le seul soutien dont il dispose est celui des 250 députés socialistes qui votent encore les lois conçues par le gouvernement.
Il peut aussi compter sur le soutien de Manuel Valls qui, dimanche dernier, a insisté une fois de plus sur sa loyauté à l’égard du président. Si c’est vrai, il faut quand même que M. Valls réussisse, qu’il apporte aux Français un minimum de réconfort, qu’il puisse exciper d’un peu de croissance et de moins de chômage. La question que poserait un succès personel du Premier ministre porterait sur sa fidélité. Ne voudra-t-il pas se parer des lauriers plutôt que de faire réélire son mentor ? Bref, la candidature de M. Hollande est pour le moment assez aléatoire.
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