LA PREMIÈRE « réinnervation motrice ciblée » ou TMR a été effectuée par le même groupe, en 2002, sur la partie gauche du thorax d’un double amputé, Jesse S. Bien que le succès de la réinnervation n’ait pas été complet dans ce cas, il a été suffisant pour que le patient puisse être équipé, en 2003, d’un bras myoélectrique (aussi appelé bras bionique en référence à son contrôle intuitif) semblable à celui de Claudia M. L’enthousiasme du patient pour ce nouveau type de prothèse fut immédiat car elle lui permettait, pour la première fois, le contrôle simultané du coude et de la main. Il pouvait lancer une balle, et, avec l’aide d’un bras prothétique plus traditionnel au côté droit, accomplir, de nouveau, de manière indépendante, de nombreuses activités ordinaires telles que se raser ou manger.
Mouvement simultané de la main, du poignet et du coude.
Cette intervention chirurgicale a révélé un phénomène inattendu, celui la réinnervation sensitive de la peau à l’emplacement des greffes neuromusculaires. En effet, un attouchement de la région concernée provoquait des sensations dans le bras absent de l’amputé.
Chez l’un des trois patients suivants, la greffe neuromusculaire a échoué à cause de blessures du système nerveux découvertes au cours de l’intervention. Un autre opéré ne se sert pas de sa prothèse parce qu’il la trouve trop lourde. Il reste donc, à l’heure actuelle, trois personnes qui utilisent leur prothèse de façon régulière.
Le bras prothétique que les patients emmènent chez eux comporte trois moteurs et pèse approximativement 3,5 kg. A cause de la nature intuitive de son contrôle, le fonctionnement en est maîtrisé en quelques jours par les utilisateurs, indique-t-on au RIC. Dans le cas de Claudia M., la prothèse TMR permet un mouvement simultané de la main, du poignet et du coude. Il en résulte un mouvement du bras beaucoup plus naturel qu’avec les autres types de prothèse. Cela lui donne la possibilité, là aussi, de réaliser indépendamment des tâches familières comme se maquiller ou faire la cuisine. La jeune femme indique qu’elle s’en sert de 4 à 5 heures par jour, de 5 à 6 jours par semaine.
La prothèse expérimentale à six moteurs, qui est montrée sur la photo, donne une chance à Claudia M. d’utiliser au maximum le bénéfice que lui apporte la réinnervation thoracique. Elle lui permet d’accomplir rotation de l’épaule, de l’humérus, flexion du coude, flexion et rotation du poignet, ainsi que d’ouvrir et de fermer la main. Mais son poids d’environ 5 kg n’en autorise pas un usage quotidien.
Contexte de guerre.
Dans le contexte de la guerre en Irak et en Afghanistan, dont une des conséquences est le retour aux Etats-Unis de plusieurs centaines d’amputés, souvent jeunes et sportifs, le Dr Kuiken, dont les travaux ont été financés par les National Institutes of Health américains et des fonds privés, espère poursuivre le développement de ces prothèses. Il souhaite, en particulier, alléger le bras prothétique et améliorer son fonctionnement.
L’équipe du Dr Kuiken voudrait mettre à profit la restauration des signaux sensoriels, perçus au niveau du membre absent, qui accompagne la réinnervation thoracique. Les chercheurs s’efforcent de mettre au point des senseurs qui assureraient la communication, au niveau de la TMR, de la pression exercée sur les doigts de la prothèse afin de permettre à l’utilisateur de moduler sa réponse en conséquence.
Le département américain de la Défense est en train de créer un bras semblable à celui du RIC, qui devrait être disponible pour les soldats blessés en 2008 ou 2009.
Quant à la prochaine étape pour l’équipe de Chicago, inspirée par la création en 2006 de la première jambe prothétique motorisée, ce sera, peut-être, une prothèse de jambe TMR.
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