Quelle politique de santé peut-on proposer aux Français et aux professionnels de santé en 2002, dès lors que le « plan Juppé » est encore dans toutes les mémoires et qu'il fut, au moins partiellement, la cause de l'échec de la droite aux législatives de 1997 ? Comment aller au-delà d'une simple critique de la politique conduite depuis lors ?
Tel était l'enjeu, ambitieux, de la première journée de réflexion organisée à Lyon par plusieurs personnalités de l'Union en mouvement - qui rassemble les chiraquiens de l'opposition - notamment Jacques Barrot (UDF), Hervé Gaymard (RPR) et Bernard Accoyer (RPR).
Hervé Gaymard, député RPR de Savoie, ancien secrétaire d'Etat à la Santé d'Alain Juppé, a lancé un long plaidoyer pour la politique de prévention et pour les petites maternités, notamment celle de Moûtiers. Celui qui fut l'un des artisans de la création des agences de l'hospitalisation déplore aujourd'hui que ces instances soient « trop éloignées du terrain » : il conviendrait, estime-t-il, « d'inverser la charge de la preuve » avant toute décision de fermeture d'établissement hospitalier.
Hervé Gaymard, qui se souvient de sa propre expérience, estime que pour mieux gérer les problèmes de santé, le futur gouvernement devrait réorganiser radicalement la hiérarchie des portefeuilles ministériels, et créer un ministère de la Santé qui devienne, « autorité de plein exercice, totalement séparée de l'Emploi, libre de son budget, quitte à ce qu'un secrétaire d'Etat à la Sécurité sociale lui soit rattaché ». Cette revendication d'un ministère de la Santé autonome est formulée depuis un certain temps déjà par plusieurs responsables de l'opposition. Dans l'actuel gouvernement, Bernard Kouchner lui-même plaide pour la même cause.
Autre préoccupation de l'opposition, malheureusement peu abordée au cours de la journée lyonnaise faute de temps : l'avenir de la médecine de ville. « Notre système est un des rares au monde à concilier financement collectif et médecine libérale : l'opposition ne pourra pas faire l'économie, avant les prochaines échéances, de s'interroger sur sa pertinence, son efficience et sa modernité » a fait remarquer à cet égard Hervé Gaymard. L'antagonisme solidarité-liberté mérite par conséquent, conclut-il, « un débat approfondi », afin de déterminer quels types de prestations de santé doivent continuer à relever d'un financement solidaire et donc être remboursées par l'assurance-maladie, et lesquelles pourraient être dévolues à la liberté individuelle.
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