L'herpès virus de type 1 change de territoire de prédilection. Traditionnellement localisé à la sphère buccale, il se rencontre de plus en plus souvent dans les infections génitales. Si l'on s'en réfère aux résultats du travail d'Anne Scoular et coll. (Glasgow) dans le « British Medical Journal », l'herpès génital dû au VHS1 connaît à la fois une augmentation en nombre et en pourcentage. Un accroissement plus particulièrement marqué chez les femmes, plutôt jeunes (moins de 25 ans), chez lesquelles l'association est la plus fortement marquée.
Ce constat a pu être établi à partir du centre de virologie de l'ouest de l'Ecosse, qui pratique 99 % des cultures de VHS de la région. Pour les besoins de l'enquête, tous les prélèvements d'herpès génital, entre le 1er janvier 1986 et le 31 décembre 2000 ont été rapportés au sexe, à l'âge (réparti en 7 tranches) des patients et au type de virus isolé.
Les données chiffrées de l'analyse écossaise sont multiples. Principalement, il ressort qu'à partir de 10 547 prélèvements génitaux analysés au cours de la période un peu plus de 3 000 contenaient un herpès virus, dans 49 % de type 1 et dans 51 % de type 2. Dans 63 % des cas, il s'agissait de femmes. Particulièrement démonstratif est le rapprochement entre les âges, le sexe et la présence du VHS1. Avant 25 ans, le virus est mis en évidence chez 70 % des femmes et 41 % des hommes. Au-delà de 25 ans, chez 49 % des femmes et 23 % des hommes. « Le VHS1 était fortement associé avec le sexe féminin et l'âge le plus jeune », confirment les auteurs.
Restait à suivre l'évolution virale au cours du temps. Alors qu'en 1986-1988 les médecins découvraient sur les prélèvements génitaux positifs 33 % de VHS-1, la proportion a crû progressivement pour arriver à 56 % en 1998-2000. Une tendance relevée tant chez les hommes que chez les femmes, aussi bien avant qu'après 25 ans.
Des explications sont proposées par les auteurs. Elles portent sur la susceptibilité des hôtes du virus et sur des modifications de comportements sexuels. La prévalence du VHS1 diminue dans la population, faisant croître le nombre de jeunes adultes susceptibles d'être infectés. « Comme la réactivation d'une infection génitale à VHS1 latent est peu fréquente, la majorité des nouveaux cas pourrait être due à une transmission oro-génitale, mais il n'existe pas d'évidence suggérant que les pratiques sexuelles orales aient changé substantiellement. »
Evolution clinique plus favorable
Quel que soit le phénomène responsable, ces conclusions entraînent, selon les auteurs, trois implications importantes. Tout d'abord, il convient d'informer les patients de l'évolution clinique plus favorable des infections génitales à VHS1 qu'à VHS2, les récurrences sont plus modérées et moins fréquentes. Ensuite, les manifestations infracliniques du VHS1 sont moins fréquentes, ce qui se traduit directement par un moindre risque de transmission. Troisième et dernière implication, les stratégies de prévention de l'herpès génital devraient se focaliser sur le risque des rapports oro-génitaux non protégés, considérés souvent comme « sans risque » dans le cadre des infections sexuellement transmissibles.
« British Medical Journal », vol. 324, 8 juin 2002, pp. 1366-1367.
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