Classique
Ecrit dans son exil américain à New York, en 1944, paru pour la première fois en langue anglaise sous le titre « Héritage of fire » (Héritage de feu), et signé Friedelind Wagner et Page Cooper en 1944, il semble bien cependant que le titre original de l'ouvrage voulu par Friedelind Wagner (1918-1991) en soit « Nacht über Bayreuth » (Nuit sur Bayreuth) qui est celui de la traduction allemande parue en Suisse en 1945.
La première édition française de « Héritage de feu, Souvenirs de Bayreuth (1923-1940) », traduite de l'anglais par Gilberte Audouin-Dubreuil, date de 1947 (Plon). C'est cette traduction (revue et corrigée de multiples erreurs) que Mémoire du Livre publie aujourd'hui, tout à fait enrichie par préface et postface, et qui reste un des seuls témoignages de cette époque trouble de l'histoire du Festival de Bayreuth et de la famille Wagner.
Dans sa brillante préface, Pierre Flinois, spécialiste de Wagner et auteur d'un ouvrage sur le Festival de Bayreuth paru en 1989 chez Sand, brosse un portrait historique de Bayreuth, avec le recul critique que permet une longue fréquentation de l'uvre et du Festival.
Ewa Weissweiler, qui a bien connu l'auteur, la présente dans sa postface comme une renégate, la mal-aimée de sa mère Winifred, la Grande Dame de Bayreuth, qui jusqu'au bout de sa vie ne recula devant aucune gaffe concernant son trouble passé. Sa critique de l'esprit du livre est très minutieuse et documentée. Elle va dans le sens de Friedelind concernant la malédiction que représente cet « héritage de feu ». Suit une très intéressante chronologie des faits à partir de 1945 qui permet d'éclairer les propos de l'auteur, parfois un peu confus pour qui ne connaît pas parfaitement l'histoire de Bayreuth.
Et le livre lui-même ? Dédié « à ses deux pères », Siegfried Wagner et Arturo Toscanini, Friedelind y raconte l'histoire sans complaisance telle qu'on pouvait la raconter en 1944. A l'évocation idyllique de la première génération de la descendance des enfants Wagner, succède bientôt l'arrivée du loup dans la bergerie. L'« Oncle Wolf », avec sa petite moustache, qui fait sauter sur ses genoux cette jeune marmaille insouciante à la Villa Wahnfried, n'est autre que le Führer sanguinaire qui mit en pièce l'Europe vingt ans plus tard.
Friedelind raconte objectivement et lucidement les persécutions des chanteurs juifs, le départ des fidèles du temple sacré, les ennuis de Wilhelm Furtwängler face au nouveau régime, les rôles de Goebbels et Goering dans les théâtres du Reich, la loge d'Hitler, et les bals donnés par Goering à la Staatsoper de Berlin, le départ des derniers chanteurs au moment de l'Anschluss et Bayreuth entièrement rempli par un public de nazis. Un documentaire passionnant, terrifiant, à connaître.
Mémoire du Livre, 352 pages. 22,71 euros.
Le Festival 2002
Quoi de neuf au Festspielhaus Bayreuth ? Pas grand-chose. Le théâtre, qu'en raison de sa forme Colette surnommait affectueusement le « gazomètre », reprend pour le prochain Festival la « Tétralogie » de Jürgen Flimm, jugée très sévèrement à sa création, en 2000, dirigée depuis la disparition de Giuseppe Sinopoli par Adam Fischer ; « Lohengrin », de Keith Warner, dirigé par Andrew Davis ; l'immuable réalisation des « Maîtres Chanteurs de Nuremberg » de Wolfgang Wagner, dirigée par Christian Thielmann ; et seulement une nouvelle production, « Tannhäuser », par Philippe Arlaud, dirigée par Christian Thielmann.
Bayreuther Festspiele (Tél. 00.49.921.7878.0). Postfach100262, D-95402 Bayreuth. Du 25 juillet au 28 août. Prix des places : de 24, 50 à 183 euros.
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