Hépatite chronique C : l'histoire d'une guérison inattendue

Publié le 08/01/2002
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Un diagnostic d'hépatite chronique virale C a été porté, en 1990, par les médecins de l'hôpital de Toulouse chez un patient de 50 ans atteint d'une maladie de Marchiafava-Michelli, pour lequel il avait bénéficié de nombreuses transfusions sanguines - origine vraisemblable de sa contamination. Ce malade a alors été traité par de l'interféron alpha 2b à la dose de 3MU trois fois par semaine par voie sous-cutanée dans le cadre d'un protocole thérapeutique. Après six mois de traitement, devant la persistance d'une activité sérique des aminotransférases à 3,5 fois la valeur de la normale (contre 8 à 12 fois avant traitement), ce patient a été randomisé pour recevoir cette même molécule, à la dose de 1 MU trois fois par semaine, pendant une durée supplémentaire de 1 an. En fin de traitement, le patient a été considéré comme non-répondeur en raison de la persistance d'une activité sérique des aminotransférases à trois fois la normale et à la mise en évidence d'ARN du VHC par PCR. En outre, la ponction biopsie hépatique montrait une discrète progression des lésions de fibrose.

Patient considéré comme non répondeur

Après un suivi en consultations ayant montré l'absence d'évolution clinique malgré la persistance d'une cytolyse hépatique, une bithérapie a été proposée en mai 1999. Un mois après le début du traitement, l'activité sérique des aminotransférases s'était normalisée.

Négativation de l'ARN du VHC

En juillet 1999 - soit trois mois après le début du traitement -, une pancytopénie sévère est survenue de façon concomitante à la négativation de la détection par PCR de l'ARN du VHC, ce qui a conduit à l'arrêt de la bithérapie après trois mois de prescription. A la fin octobre 1999, le bilan hépatique restait normal et la virémie VHC, indétectable. Ce résultat s'est maintenu jusqu'à treize mois après l'arrêt du traitement. Le génotype viral a pu être rétrospectivement identifié par la technique de séquençage de la région NS5-A sur un sérum de 1992 : il s'agissait d'un génotype 1b.
Pour les auteurs, « la réponse biochimique et virologique prolongée fait espérer une clairance virale définitive chez ce patient de 59 ans ». Le Dr Nicolas Hrycewycz avance que ce résultat pourrait être lié à la sélection d'un agent infectieux ayant développé des mutations dans la région NS5-A au cours du premier traitement. Dans ce contexte, le mutant sélectionné aurait pu se révéler particulièrement sensible à la bithérapie. Des modifications de l'hôte pourraient aussi être impliquées : augmentation de l'expression du gène récepteur de l'interféron alpha au niveau des hépatocytes ou évolution de l'expression des cytokines induites par le premier traitement. Enfin, la supériorité maintenant démontrée de la bithérapie par rapport au traitement par l'interféron seul pourrait expliquer cette guérison.

«Gastro-entérologie clinique et biologique ». Vol. 25, n° 11, pp. 1041-1042, novembre 2001.

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7040