L'arrivée de Pegasys représente un pas en avant thérapeutique : il a été mis au point par un processus appelé « pégylation », consistant à fixer sur l'interféron alpha 2a une molécule de PEG (polyéthylène glycol), laquelle le protège contre une absorption, un métabolisme et une élimination rapides, d'où ses avantages pharmacocinétiques et son administration une fois par semaine.
Ce médicament tient ses promesses en termes d'une meilleure efficacité et de tolérance, comme le montre une étude internationale et multicentrique incluant 1 121 patients naïfs, présentée lors du congrès d'Atlanta d'hépato-gastro-entérologie en mai 2001.
Ainsi, l'association Pegasys-ribavirine a permis d'obtenir 56 % de réponses virologiques prolongées (vingt-quatre semaines après l'arrêt du traitement) contre 45 % pour la bithérapie interféron alpha 2b-ribavirine (considérée jusqu'à présent comme le standard de traitement de l'hépatite C) et 30 % pour Pegasys en monothérapie. Même chez les patients infectés par des virus de génotype 1a et 1b - et donc les plus difficiles à traiter -, le taux de réponse virologique prolongée était de 46 % avec l'association Pegasys-ribavirine contre 37 % chez les patients traités par la bithérapie standard.
La réponse virologique
Cette étude a également montré que, dès la 12e semaine de traitement, 86 % des patients traités par l'association Pegasys-ribavirine avaient une réponse virologique précoce (soit une virémie non détectable, soit une chute de 2 log de la charge virale), qui a été prédictive de la réponse virologique prolongée. Il est donc possible de savoir, au bout de trois mois seulement, si un patient peut tirer bénéfice du traitement, tandis que, avec le traitement standard, il faut attendre six mois pour conclure.
Les effets secondaires de ce nouveau traitement ne sont pas plus fréquents, au contraire : les patients traités par bithérapie avec l'interféron pégylé avaient moins de dépression (21 %) que ceux traités par bithérapie standard (30 %) et avaient moins de myalgies (42 % versus 50 %) et de fièvre (43 % versus 56 %).
Le prix Progress Roche
Afin de faire progresser la qualité des soins, les Laboratoires Roche ont créé en 1996 le prix Progress Roche, de 15 000 euros, dont l'objectif est de récompenser et d'encourager, chaque année, une équipe multidisciplinaire médicale ou paramédicale qui présente des projets nationaux pour favoriser la prévention des pathologies virales et améliorer concrètement la prise en charge globale des patients ayant une hépatite chronique C (quatorze équipes ont été déjà récompensées). Notons que le projet original doit remplir les critères suivants : intérêt clinique pour les patients traités par immunothérapie, degré d'innovation dans la prise en charge, diversité des acteurs impliqués, différentes étapes dans la réalisation du projet, méthodologie d'évaluation rigoureuse à court et à long terme. Pour participer cette année, il faut demander un dossier de candidature au Dr Corinne Gandossi (01.46.40.54.47), la date limite étant le 15 novembre 2001.
Table ronde aux Entretiens de Bichat, avec la participation des Drs I. Lonjon (Roche), C. Gandossi (Roche), G. Babany (Roche).
Les aspects juridiques
Les aspects juridiques ont été un des thèmes développés à l'occasion du troisième Workshop Roche Réseaux Hépatite au début de l'année 2001. En premier lieu, la possibilité d'être indemnisé du préjudice résultant de la contamination par voie transfusionnelle datant des années quatre-vingt à quatre-vingt-quinze, la jurisprudence a institué un régime de responsabilité sans faute de l'Etablissement français du sang (en remplacement des anciens centres de transfusion sanguine) et a admis que l'imputabilité peut être reconnue sur un faisceau de présomptions et évaluée par une expertise médicale. Cela dit, nombre de malades ont été confrontés à des difficultés pour obtenir le paiement effectif de l'indemnité, étant donné que les assureurs ont massivement résilié leurs contrats avec les CTS au début des années quatre-vingt-dix dans le contexte de l'arrêté du 27 juin 198O. Ce dernier a été déclaré illégal par le Conseil d'Etat le 29 décembre 2000. En ce qui concerne le droit au travail, un patient n'a pas à déclarer sa séropositivité à un employeur qui, de son côté, ne peut le licencier ou refuser de l'embaucher pour ce motif. Le problème de l'aptitude au poste de travail concerne essentiellement les professionnels de santé car le risque de contamination a été décrit. Quant à la situation actuelle, conflictuelle du fait que certains assureurs refusent d'assurer les personnes atteintes d'hépatite C, il est important de développer à la fois l'information des patients et des assurances par la communauté scientifique et des structures de médiation, souligne le Dr G. Babany. Deux solutions dans le cadre de la solidarité sont envisageables : une fédération des assurances privées pour créer un pôle de risques aggravés ou une participation de la Sécurité sociale à la prise en charge de ces risques aggravés.
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