Maladie endémique, l'hépatite C touche environ 1 % de la population adulte, soit 500 000 à 650 000 personnes. Jusqu'en 1991, la transfusion sanguine était le principal mode de contamination nosocomiale. Ce mode de contamination est devenu pratiquement inexistant du fait des mesures prises entre 1985 et 2001 pour sécuriser le don du sang.
Le risque de contracter une hépatite C post-transfusionnelle est passé de 2,4 % en 1990 à 1 %. Pour F. Roudot-Thoraval, l'un des experts, le risque de contamination par transfusion est estimé à une hépatite pour 6 650 000 dons. La transmission nosocomiale non transfusionnelle, par les endoscopes, par des actes chirurgicaux a, elle aussi, fortement diminué du fait des mesures prises et des recommandations de la DGS depuis 1990 (matériel à usage unique ; apprentissage de la désinfection des endoscopes, du matériel chirurgical et des mesures de prévention à adopter par le personnel soignant).
A l'heure actuelle, on peut dire que « les poches de contamination persistantes » sont uniquement liées à un non-respect des précautions préconisées, mais aucun chiffre n'indique la fréquence de ces pratiques. L'étude de veille sanitaire, dont les résultats sont attendus, devrait éclairer ce point. De plus, la déclaration, maintenant obligatoire, des hépatites C nosocomiales auprès des DDASS devrait permettre de mettre en évidence les dysfonctionnements qui persistent.
Exposition constante en hémodialyse
L'hémodialyse est l'une de ces poches résiduelles de risque d'hépatite C nosocomiale, parce que l'exposition est constante (actes de soins répétés), parce que la fréquence de l'infection par hépatite C des patients est élevée (proximité physique importante entre patients infectés et non infectés), et en raison d'un non-respect de l'hygiène par le personnel soignant. Actuellement, dans les pays industrialisés, l'incidence (nombre de nouveaux cas annuels) est estimée à 0,5 % chez les hémodialysés, d'où des recommandations des experts suggérant une surveillance biologique accrue des patients pour dépister les nouveaux cas et prendre les mesures sanitaires correctives appropriées.
Quant aux risques des autres soins, des actes chirurgicaux et actes d'endoscopies (mis en évidence par une enquête cas témoins qui relève un risque variant de 1,23 à 12,1) ne reflétant pas la situation actuelle mais celle des années 1980, ils sont très faibles. L'expertise est fondée sur des cas sporadiques publiés. Quand ils sont analysés, il apparaît que, dans la plupart des cas, il existe une contamination par non-respect des règles de décontamination du matériel, non-respect des règles universelles d'hygiène par le chirurgien ou l'anesthésiste. La chirurgie uro-génitale et gynécologique présente les risques les plus élevés.
D'autres soins plus habituels sont susceptibles d'une transmission de l'hépatite C : pédicurie, ulcères cutanés, dentaires, acupuncture...
Le risque de transmission de soignants à soignés est très faible, de 0,09 à 0,37 %.
Etablir comment la contamination a été faite
Mais comme le souligne J.-P. Bronwicki, les données de la littérature sont peu nombreuses et il est difficile d'établir les causes de la contamination. Pour la recherche de l'imputabilité, le renforcement de programmes de formation est donc recommandé afin de disposer de professionnels rodés à ce type de démarche, indispensable pour réduire le nombre de contaminations.
La transmission nosocomiale du virus de l'hépatite C est, répétons-le, extrêmement faible, les règles d'hygiène universelle et de décontamination étant très efficaces pour ce virus. Parallèlement, les experts recommandent le développement d'« enquêtes de pratique » dans des secteurs peu explorés comme l'anesthésie, les soins dentaires, le piercing, les tatouages... Ainsi que des enquêtes de traçabilité fondées sur des analyses de séquence de virus.
Actuellement, pour le virus de l'hépatite C en France, le problème majeur se situe dans la prise en charge de la masse de patients contaminés avant 1990. Cette prise en charge est importante car « c'est la seule maladie virale chronique qui peut être guérie », conclut le Pr Daniel Dhumeaux.
Conférence de presse de l'INSERM avec la participation de Christian Brechot, directeur de l'INSERM, et Lucien Abenhaïm, directeur général de la Santé.
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