Il y a dans le monde plus de 170 millions de porteurs de virus de l'hépatite C (VHC). En France, selon les dernières estimations, 500 000 à 600 000 personnes seraient porteuses d'anticorps anti-VHC (soit environ 1 % de la population) : 80 % seraient virémiques et un tiers d'entre eux ignoreraient leur statut vis-à-vis du virus.
Or, le VHC est responsable de 80 % des cas d'hépatite chronique, maladie qui peut rester asymptomatique et passer inaperçue pendant de nombreuses années, alors que chez 20 % des sujets infectés elle évolue de façon insidieuse vers une cirrhose qui peut se compliquer d'un hépatocarcinome.
Un dépistage ciblé sur les populations à risque pourrait permettre d'agir avant la survenue de ces complications à un stade où le traitement est le plus efficace.
Une nouvelle génération d'interféron
L'association interféron alpha (3 MUI trois fois par semaine)-ribavirine (1 000 à 1 200 mg/j) a constitué un progrès important dans la prise en charge thérapeutique des patients par rapport à la monothérapie par interféron alpha.
Cependant, différentes études ont montré que, compte tenu de la rapidité de multiplication du VHC et de la courte demi-vie de l'interféron alpha, son administration trois fois par semaine n'empêche pas la virémie d'augmenter après chaque injection notamment pour les génotypes 1.
Les chercheurs de chez Roche ont mis au point une molécule d'interféron alpha présentant un meilleur profil pharmacocinétique : l'interféron alpha-2a pégylé (Pegasys), obtenu par un processus de pégylation qui consiste à fixer une ou plusieurs chaînes de polyéthylène glycol à la molécule d'interféron alpha-2a qui se trouve ainsi entourée d'une barrière protectrice sélective.
Cette barrière confère à Pegasys des avantages pharmacocinétiques : longue demi-vie d'élimination, absorption prolongée, volume de distribution réduit et une clairance basse permettant à la molécule d'interféron de rester longtemps active dans l'organisme et d'exercer son action antivirale pendant plus d'une semaine.
56 % de réponses virologiques prolongées
Les résultats cliniques obtenus sur une grande série de patients (plus de 10 000 patients traités, 4 000 inclus dans les essais pilote) ont largement confirmé les espoirs fondés sur les données pharmacologiques et ouvrent de nouvelles perspectives de traitement.
L'activité et la tolérance de la combinaison Pegasys (180 μg par voie sous-cutanée une fois par semaine)-ribavirine (1 000 à 1 200 mg/jour) ont été comparées à celles de Pegasys administré en monothérapie et à celles de l'association interféron alpha-2b (3 MUI en sous-cutané trois fois par semaine)-ribavirine (1 000 à 1 200 mg/jour) dans une étude pivot internationale qui a inclus plus de 1 100 patients.
Au terme des 72 semaines de l'étude (48 semaines de traitement, 24 semaines de suivi), 56 % de réponses virologiques prolongées (ARN du VHC indétectable) ont été obtenues avec l'association Pegasys-ribavirine contre 45 % avec l'association interféron alpha-2b-ribavirine et 30 % avec Pegasys en monothérapie.
Chez les patients infectés par un VHC de génotype 1, c'est-à-dire les plus difficiles à traiter, la combinaison Pegasys-ribavirine montrait encore sa supériorité avec un taux de réponses virales prolongées de 46 % contre 37 % chez les patients traités par l'association interféron alpha-2b-ribavirine.
Dès la 12e semaine de traitement, 86 % des patients traités par l'association Pegasys-ribavirine avaient une virémie indétectable ou une chute de 2 log de la charge virale. Cette réponse précoce était prédictive de la réponse virologique prolongée : 24 semaines après l'arrêt du traitement, elle a été obtenue chez 65 % de ces patients.
Enfin, au plan tolérance le syndrome pseudo-grippal, effet secondaire habituellement observé chez les patients recevant le traitement classique interféron-ribavirine, était moins fréquent chez les patients traités par Pegasys-ribavirine, traitement qui en outre entraîne moins de syndrome dépressif (21 %) que le traitement classique (30 %).
Le dossier d'enregistrement de Pegasys a été soumis aux agences de l'Union européenne, du Canada, du Brésil et à la FDA américaine en vue d'une AMM. En Suisse, Pegasys a été mis à la disposition du corps médical le 7 août 2001.
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