L A France accueille pour la seconde fois depuis sa création le symposium international sur le virus de l'hépatite C. Force est de constater que cette rencontre réunit chaque année un nombre croissant d'hépatologues, de virologues et d'immunologistes, comme le prouve le millier de participants réunis à Paris du 2 au 5 septembre.
Il semble en effet que la communauté scientifique a pris conscience de l'ampleur du problème soulevé par l'hépatite C : prévalence des sujets infectés non diagnostiqués, donc non traités, et pouvant transmettre la maladie ; problèmes de prise en charge thérapeutique, car si des progrès considérables ont été accomplis (de 10 % de réponses complètes prolongées il y a 10 ans à 40 à 55 % aujourd'hui avec l'association ribavirine + interféron alpha pégylé, selon les génotypes), il reste toujours une proportion importante de patients non répondeurs (la moitié environ), dont 20 % évolueront vers des complications (cirrhose, hépatocarcinome).
Pour le Pr Jean-Michel Pawlotsky, coorganisateur de la réunion scientifique, les enjeux du symposium parisien sont triples :
- le premier objectif consiste à comprendre les mécanismes de résistance du VHC, présents chez la moitié des patients. On sait déjà que certaines protéines virales empêchent l'action de l'interféron alpha.
- Le deuxième est le développement de modèles permettant la culture du virus, car, jusqu'à présent, l'impossibilité de le cultiver in vitro a nettement limité la recherche pharmacologique. A ce sujet, deux bonnes nouvelles ont été annoncées au congrès : la création d'un « réplicon subgénomique », qui est une portion de génome du VHC capable de se multiplier dans des cultures cellulaires, et celle de souris porteuses d'hépatocytes humains. Le réplicon permettra de tester l'efficacité de nouvelles molécules avant la réalisation des essais in vivo et les souris chimériques seront un modèle d'étude de l'infection plus aisé à obtenir que les seuls chimpanzés.
- Le troisième volet de la recherche concerne le développement de nouvelles drogues. Les antiprotéases et anti-intégrases de l'hépatite C, actuellement en cours de développement, devraient grandement bénéficier de la mise à disposition de modèles d'étude. Cette recherche pharmacologique vient en complément des travaux en matière de réponse immune, à savoir les essais vaccinaux. A ce sujet, le VHC s'apparente au VIH du fait de sa grande variabilité et de ses effets sur le système immunitaire. La mise au point d'un vaccin est d'autant plus difficile que l'on connaît mal le rôle de la réponse immune de l'hôte. Néanmoins, les résultats d'un essai clinique belge avec un candidat vaccin thérapeutique (et non pas préventif), sur 15 volontaires sains, ont été présentés durant le congrès.
Conférence de presse de l'ANRS en présence des Prs M. Kazatchkine, P. Marcellin, G. Inchauspé, J. M. Pawlotsky.
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