Cinq virus (A à E) sont à eux seuls responsable de 80 % des hépatites virales ; de nombreux efforts sont faits pour identifier les virus responsable des autres cas.
L'an dernier, l'équipe de Daniele Primi a fait état d'une nouvelle famille de virus, dite SEN (initiales du premier patient chez lequel cette famille a été décrite), qui comporte huit virus (A à H) ; il s'agit de virus à ADN, d'environ 3 900 nucléotides, circulaires, non encapsulés, similaires aux circovirus. Les virus SEN D et SEN H sont transmis par voie parentérale et peuvent provoquer une hépatite post-transfusionnelle.
Une équipe américaine (Basil Rigas et coll.) a cherché à savoir si ces deux virus peuvent infecter les patients ayant une hépatite C chronique et si cette coïnfection influence le résultat thérapeutique.
Les auteurs ont étudié 31 patients ayant une hépatite chronique C, qui avaient tous eu une biopsie hépatique avant un traitement de six mois par interféron alpha 2b (3 MU trois fois par semaine) et ribavirine (600 mg deux fois par jour). Des échantillons sanguins étaient recueillis au début de l'étude, puis tous les un à trois mois pendant le traitement, puis à nouveau six mois après la fin du traitement. Etaient considérés comme répondeurs les sujets qui avaient un RNA du VHC indétectable dans le sérum et des taux de transaminases ALAT normales six mois après la fin du traitement. Les autres étaient considérés comme non répondeurs. Les répondeurs et les non répondeurs étaient identiques en ce qui concerne les caractéristiques démographiques, la sévérité de la maladie au début de l'étude et la charge en virus C.
Les virus SEN D et H ont été recherchés chez ces 31 patients. Résultat : 6 étaient positifs pour le SEN D, soit avant (2), soit pendant (4) traitement ; 7 étaient positifs pour le SEN H, soit avant (1), soit pendant (3), soit encore après (3) traitement. A noter qu'un patient était positif pour les deux virus, SEN D et SEN H, à la fois.
Tous les patients positifs pour SEN D et 5 des 7 patients positifs pour SEN H n'ont pas répondu au traitement. Autrement dit, la coïnfection avec au moins un des deux virus SEN était inversement corrélée à l'efficacité du traitement (p = 0,0025), même si le petit nombre de patient doit rendre prudent dans l'interprétation et la généralisation des résultats.
SEN D ou SEN H : 12 patients sur 31
« Nos résultats, estiment les auteurs, indiquent que SEN D et EN H coïnfectent les patients infectés par le VHC, ce qui reflète peut-être un mode de contamination commun. La coïnfection avec SEN D pourrait affecter négativement le résultat du traitement par interféron et ribavirine. Le fait que l'infection du foie par plus d'un virus le rend résistant au traitement antiviral n'est pas surprenant. D'ailleurs, la coïnfection par le VHB et soit le virus delta, soit le VIH annonce un résultat défavorable du traitement par rapport aux sujets infectés par le seul VHB. »
« Le rôle précis des virus SEN dans les maladies hépatiques reste à déterminer. Nos résultats suggèrent qu'ils participent aux maladies hépatiques et devraient stimuler d'autres travaux sur ce nouveau groupe de virus , concluent les auteurs.
Des questions qui réclament confirmation
Dans un éditorial associé, Adrian Di Bisceglie se demande bien pourquoi, parmi les 12 patients coïnfectés de l'étude, le DNA du virus SEN (D ou H) n'a été trouvé chez 7 d'entre eux que pendant le traitement. S'agit-il d'une effet lié à la baisse, sous traitement, du RNA du VHC ? Autre question : comment un virus SEN peut-il interférer avec le traitement ? L'éditorialiste estime que si l'inhibition du traitement par les virus SEN est confirmée, cela constituerait un nouvel éclairage sur les mécanismes d'action de l'interféron et de la ribavirine.
« Lancet » du 8 décembre 2001, pp. 1961-1962.
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