On estime que, dans le monde, plus de 170 millions de personnes sont infectées par le virus de l'hépatite C (VHC) et risquent, par conséquent, de développer une hépatite chronique, potentiellement fatale.
La protéase NS3 encodée par le VHC est indispensable pour la réplication du virus et est considérée depuis longtemps comme une cible intéressante pour une intervention thérapeutique chez les patients infectés par le VHC. Toutefois, cette protéase représentait un défi pour le développement de petites molécules inhibitrices.
Lamarre (du Laboratoire Boehringer Ingelheim au Québec, Canada) et coll. annoncent dans « Nature » avoir développé un petit inhibiteur de la protéase NS3.
Après étude approfondie de la relation structurelle entre enzyme et substrat, les chercheurs ont identifié une classe de puissants petits inhibiteurs spécifiques.
De cette classe, BILN 2061 a été sélectionné pour le développement en raison de sa puissante efficacité antivirale in vitro et de son profil pharmacocinétique oral chez l'animal.
L'innocuité de doses croissantes a été déterminée dans une étude chez des volontaires sains.
Un premier essai, randomisé en double insu, a été conduit chez 10 patients infectés par le VHC-1 pour apporter la preuve de principe.
Pendant deux jours, 8 patients ont été traités par 200 mg de BILN 2061, et 2 patients ont reçu un placebo.
Baisse rapide de la charge virale
Le BILN 2061 s'est révélé très efficace, induisant une baisse rapide de la charge virale chez tous les patients traités, et parfois en dessous du seuil de détection au bout de 24 à 48 heures. Aucun effet secondaire n'a été rapporté.
« L'étendue du déclin viral est significativement supérieure à celle observée pour les patients traités par l'interféron », notent les chercheurs.
Cette étude « établit la preuve de principe chez l'homme pour un inhibiteur de la protéase NS3 », ajoutent-ils, « et introduit une nouvelle classe d'agents anti-VHC sélectifs, spécifiquement conçus pour inhiber une enzyme virale essentielle ».
Des études plus longues sont maintenant nécessaires pour déterminer comment se maintient l'activité antivirale au fil du temps, et savoir s'il y aura des problèmes de résistance. « Le BILN 2061 se montre très prometteur pour améliorer considérablement le traitement de l'infection chronique par le VHC », déclare, pour conclure, l'équipe.
« Nature » du 27 octobre 2003, DOI : 10.1038/nature02099.
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