Le Pr Manns (Hanovre), un des leaders d'hépato-virologie, a présenté ses travaux les plus récents : d'une part, une étude de phase III prospective, randomisée, contrôlée, portant sur le traitement de 1 530 patients atteints d'une hépatite C chronique compensée non encore traitée, publiée dans le « Lancet »* ; d'autre part, une étude concernant le traitement des hépatites C aiguës publiée dans le « New England Journal of Medecine »**.
L'étude du « Lancet » confirme l'intérêt thérapeutique de l'association synergique peginterféron alpha-2b et ribavirine dans le traitement des patients adultes atteints d'hépatites C chroniques actives. La pégylation, modifiant la pharmacocinétique de l'interféron, maintient un taux sérique antiviral efficace, permettant de passer à une seule injection par semaine contre trois avec l'interféron non pégylé.
Un gain net dans le génotype 1
Le gain d'efficacité thérapeutique est particulièrement net chez les patients porteurs du génotype viral 1, le plus difficile à traiter : 50 % d'entre eux (contre 34 % auparavant) ont une virémie indétectable six mois après l'arrêt de la bithérapie (SVR : réponse virale soutenue). Pour les génotypes 2 et 3, le taux de SVR se situe à 88 %. La durée du traitement varie de six à douze mois selon les facteurs de gravité (charge virale forte, sexe masculin, génotype 1, fibrose avancée).
Le deuxième point fort de cette publication est la démonstration rétrospective de la nécessité d'adapter les doses au poids du patient. Le nouveau schéma thérapeutique proposé est donc le suivant : ribavirine > 10,6 mg/kg par jour et peginterféron alpha-2b : 1,5 μg/kg par semaine (AMM mars 2001). Le respect du ratio dose/poids permet d'éviter à la fois les surdosages (donc une meilleure observance) et les sous-dosages étiquetés comme échecs du traitement (ces patients devant être repris avec le nouveau protocole).
Troisièmement, l'accent est mis sur les cofacteurs d'évolutivité vers la cirrhose. La consommation d'alcool, même minime (40 g/j), le diabète, l'obésité et l'âge supérieur à 55 ans accélèrent nettement le processus.
Le dernier aspect concerne les liens entre virémie et fibrose : la réponse virologique soutenue chez les patients à fibrose sévère est comparable à celle obtenue chez les patients à fibrose minime, mais, même en l'absence de réponse virologique, un bénéfice histologique peut être retrouvé. Cela conduit au concept de réversibilité de la cirrhose venant corroborer les travaux du Pr Poynard (Pitié-Salpêtrière, AP-HP).
Le cas de l'hépatite aiguë
Quant à l'hépatite C aiguë, le diagnostic de séroconversion pourrait être documenté dans les situations connues comme étant à risque : en dehors de la toxicomanie intraveineuse, certains actes médicaux invasifs et, pour les soignants, les accidents d'exposition au sang (AES). Dans ces cas-là, l'étude du « New England » montre qu'une monothérapie de peginterféron alpha-2b pendant vingt-quatre semaines guérit 98 % des sujets contaminés s'ils sont traités dans les quatre mois.
Ainsi, l'épidémiologie de l'hépatite C en France devrait peu à peu changer de visage : la diminution de la prévalence laissant la place à un pic de cancers du foie, donc de greffes du foie dans les années 2005-2010, d'autant que moins de 10 000 porteurs d'hépatite C chronique active, sur les quelque 300 000 probables, semblent avoir eu accès à la bithérapie.
* « Lancet », du 22 septembre 2001, vol. 358, n° 9286, pp. 958-965.
** « New England Journal of Medicine » du 15 novembre 2001, vol. 345, n° 20, pp. 1452-1457.
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