L E suivi clinique et thérapeutique des patients atteints d'hépatite C est fondé sur la pratique régulière de biopsies du foie qui permettent d'établir le degré de fibrose. Mais ce geste s'accompagne, chez 30 % des patients, de phénomènes douloureux ; 0,3 % d'entre eux sont, en outre, atteints de complications et 0,03 % décèdent. C'est pour cette raison que des méthodes alternatives de suivi fondées sur la recherche de marqueurs sérologiques ont été développées. Mais, jusqu'à présent, ces données n'étaient disponibles que pour des stades avancés de la maladie (cirrhose), alors que, pour les stades précoces, aucune stratégie de suivi sérologique n'avait été développée. C'est pourquoi l'équipe du Pr Thierry Poynard (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) a mis en place, entre août 1997 et mars 2000, une étude sur 339 patients de la cohorte hépatite C (DOSVIRC) chez qui, simultanément, une biopsie de foie et un examen biologique ont été pratiqués. Parmi ces malades, 205 étaient atteints par le virus de l'hépatite C depuis moins d'un an et l'infection avait été détectée depuis moins de deux ans chez 134 autres sujets. Les investigateurs ont cherché une éventuelle corrélation entre le grade histologique à la biopsie (classé de F0, en l'absence de fibrose, à F4, en présence d'une cirrhose) et 11 marqueurs biologiques distincts : alpha 2 macroglobuline, aspartate aminotransférase (AST), alanine aminotransférase (ALT), gamma glutamyltranspeptidase (GGT), bilirubine totale, albumine, alpha 1 et alpha 2 globulines, bêtaglobuline, gammaglobuline, apolipoprotéine A1. Chez les patients atteints depuis plus d'un an, les hépatologues ont aussi procédé à une mesure des taux sanguins d'interleukine 10, de TGF bêta 1 (Tumor Growth Factor), du facteur de croissance hépatocytaire, des apolipoprotéines A2 et B.
Les caractéristiques histologiques (40 % de patients atteints de fibrose) et biologiques se sont révélées identiques dans les deux groupes.
Cinq ou six marqueurs
« Globalement, on peut considérer que cinq ou six marqueurs biochimiques permettent d'apprécier, avec de bonnes valeurs prédictives positives et négatives, l'état histologique du foie, y compris chez les patients à un stade précoce de la maladie », expliquent les auteurs. Les marqueurs les plus informatifs sont, dans un ordre décroissant : l'alpha 2 macroglobuline, l'haptoglobine, la GGT, les gammaglobulines, la bilirubine totale et l'apolipoprotéine A1. Chez les patients qui en sont au cours de la deuxième année d'évolution de la maladie, le dosage sanguin des cytokines ne s'est pas révélé plus informatif que celui des marqueurs sérologiques, et, en raison du coût élevé des dosages de cytokines, les investigateurs estiment qu'il n'est pas nécessaire de les évaluer de façon systématique.
« En se basant sur les résultats obtenus sur cette population, on peut estimer que le nombre de biopsies du foie, dans le cadre de la surveillance des patients atteints d'hépatite C, pourrait être quasiment réduit de moitié (moins 46 % en se fondant sur la sous-population de patients atteints depuis plus d'un an). Mais ce résultat doit maintenant être confirmé par d'autres équipes de recherche avant d'envisager son utilisation en routine », concluent les auteurs.
« The Lancet », vol. 537, pp. 1069-1075, 7 avril 2001
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