S I le travail d'information en santé publique se déroule sur le long terme, c'est tout spécialement vrai pour l'hépatite C, son dépistage et sa prise en charge.
Chaque année, le ministère de la Santé concocte son nouveau plan, aiguillonné par une conjoncture où tous les paramètres militent pour le développement du dépistage : forte prévalence (1 % de la population générale), haut niveau de morbidité (cirrhose, cancer), fiabilité et innocuité des tests (ELISA, avec, en vérification, une recherche d'acide ribonucléique viral par amplification génomique PCR), avancées thérapeutiques notables (bithérapie, avec, depuis 1999, la ribavirine et un nouvel interféron à action prolongée). Sans parler de la performance de l'organisation des soins, en constante amélioration (30 pôles de référence et 34 réseaux mis en place autour d'eux pour initier annuellement un peu plus de 10 000 traitements nouveaux, un chiffre stable depuis deux ans).
Au cœur du dispositif, les toxicomanes
Autant de raisons pour soutenir l'effort de dépistage. Un dépistage qui doit être aussi systématique que possible pour les populations concernées, l'Agence nationale de l'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) jugeant non recommandé le dépistage généralisé de la population ainsi qu'une nouvelle recherche des transfusés.
Les populations à risque élevé d'infection sont actuellement bien identifiées. Le virus se transmet essentiellement par contact du sang d'une personne infectée avec celui d'une personne indemne, ou par le contact des muqueuses avec un objet souillé par du sang infecté. Ce sont donc les usagers de drogues par voie intraveineuse qui constituent le groupe le plus touché par le VHC.
La prévalence parmi eux reste estimée entre 50 et 60 %, en dépit des actions de prévention (seringues vendues sans prescription, programmes d'échange, distributeurs automatiques, trousses de prévention distribuées par les associations, automates sur la voie publique, « boutiques » pour les plus précaires, traitements de substitution, etc.).
Tout naturellement, ces toxicomanes sont au cœur du dispositif d'information et d'incitation voulu cette année par Bernard Kouchner : à partir du mois de septembre, la brochure faisant le point sur l'hépatite C, spécialement conçue l'an dernier à leur attention, sera rééditée et distribuée par l'intermédiaire des associations et des réseaux ville-hôpital.
Rééditée également, l'affichette d'incitation au dépistage qui avait été conçue également en 2000.
Pour mieux faire encore passer le message, un dépliant « simple et bref » sera inséré dans les trousses d'injection (Stéribox, Kit et Kap) et une formation appropriée sera amorcée auprès des travailleurs sociaux.
Dans la cible de Bernard Kouchner, également, c'est une des nouveautés du millésime 2001 de la campagne, les tatoueurs et les pierceurs, ainsi que leurs clients. On se rappelle que le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF), en septembre 2000, avait estimé possible le risque d'une transmission virale via l'effraction cutanée que réalisent tatouage, piercing, dermographie et épilation par électrolyse, des pratiques qui connaissent un fort engouement parmi les jeunes. Bien que le risque soit difficilement documenté, deux campagnes vont être organisées.
A l'égard des professionnels, qui vont recevoir à partir de septembre un guide de bonnes pratiques, qui a été élaboré par une équipe d'infectiologues de l'hôpital Rothschild. Et, dès ce mois-ci, à l'attention des amateurs de ces pratiques, sur les ondes des radios qu'ils écoutent principalement.
Sensibilisation du grand public
Toujours en juin, un agenda d'accompagnement des personnes atteintes fournira à celles-ci des conseils pratiques pour une observance optimale de leur traitement. Il sera complété en septembre par un livret rédigé sous forme de questions-réponses.
Dans ce dispositif tous azimuts, le grand public sera sensibilisé via la presse quotidienne nationale et régionale (66 titres à partir du 15 juin) et la radio (campagne programmée en septembre-octobre). Objectif : aller demander conseil à votre médecin.
Pour assister celui-ci dans sa mission, un « mémo » a été conçu, qui reprend les situations à risque listées par l'ANAES ; il sera adressé aux généralistes, anesthésistes, gynécologues, pédiatres, cardiologues, gastro-entérologues, médecins des prisons, des DDASS, DRASS et CPAM.
A la rentrée de septembre, enfin, une clinique de l'hépatite C sous tous ses aspects et un répertoire des modalités de prise en charge seront diffusés auprès des professionnels de santé.
L'Institut de veille sanitaire lancera l'année prochaine, en partenariat avec l'assurance-maladie et les centres de santé, une nouvelle enquête de prévalence sur l'infection par le VHC et la proportion des dépistés. On appréciera alors, espérons-le, les fruits de toutes les actions multipliées dans les tous prochains mois.
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