O N sait que l'hépatite C chronique touche presque 300 millions d'individus dans le monde, qu'elle est l'une des principales causes de maladie chronique du foie et qu'elle est la principale indication de la transplantation hépatique. On sait aussi que la bithérapie par interféron alpha 2b plus ribavirine pendant vingt-quatre à quarante-huit semaines permet d'obtenir une réponse virologique soutenue (RVS) chez environ 40 % des patients, avec des bénéfices potentiels associés à long terme.
L'adjonction d'une molécule de polyéthylèneglycol à l'interféron aboutit à une molécule biologiquement active (interféron pégylé) qui possède une demi-vie supérieure et de meilleures propriétés pharmacocinétiques que l'interféron standard ; ce qui permet une administration hebdomadaire.
Le double de l'interféron standard
Quand les interférons alpha pégylés sont administrés seuls pendant quarante-huit semaines, la RVS est approximativement le double de celle de l'interféron standard. Toutefois, deux problèmes persistent : 1) le taux de rechute après arrêt de cette monothérapie par peginterféron reste élevé ; 2) la plupart des patients infectés par le virus de génotype 1 n'atteignent pas de RVS. On a donc pensé que l'adjonction de ribavirine au peginterféron alpha 2b pourrait diminuer le risque de rechute à l'arrêt du traitement. D'où l'étude dont les résultats sont maintenant publiés dans le « Lancet , qui a consisté à comparer, d'un côté, deux régimes de peginterféron alpha 2b combinés à la ribavirine et, de l'autre, l'interféron alpha 2b standard associé à la ribavirine.
Cet essai randomisé en ouvert a été conduit dans 62 centres en Europe, au Canada, en Argentine et aux Etats-Unis. Y ont collaboré les équipes des Français M.-A. Bigard (hôpital Brabois, Vanduvre-lès-Nancy), M. Bourlière (hôpital Saint-Joseph, Marseille), C. Bréchot (hôpital Necker, Paris), P. Marcelin (hôpital Beaujon, Clichy), T. Poynard (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), R. Rouzier-Paris (centre CAP, Nîmes) et C. Trépo (hôpital Hôtel-Dieu, Lyon).
Le travail a porté sur 1 530 patients naïfs de tout traitement, ayant un RNA VHC détectable dans le sérum par PCR (Polymerase Chain Reaction), dont la biopsie hépatique était compatible avec une hépatite chronique.
Trois groupes ont été constitués :
- peginterféron alpha 2b (1,5 μg/kg par semaine en sous-cutané) plus ribavirine orale (800 mg/j), pendant quarante-huit semaines ; n = 511 ;
- peginterféron alpha 2b (1,5 μg/kg par semaine en sous-cutané pendant quatre semaines, puis 0,5 μg/kg pendant quarante-quatre semaines) plus ribavirine orale (de 1 000 à 1 200 mg/j pendant quarante-huit semaines) ; n = 514 ;
- interféron alpha 2b (3 MU en sous-cutané trois fois par semaine) plus ribavirine orale (de 1 000 à 1 200 mg/j), pendant quarante-huit semaines ; n = 505.
Meilleure réponse virologique
Le taux de RVS a été significativement plus élevé dans le groupe recevant le peginterféron à la plus forte dose (1,5 μg/kg) que dans les deux autres groupes (54 % contre 47 % et 47 %). Le bénéfice était le plus apparent pour les patients infectés par le génotype 1, à savoir le sous-groupe qui est habituellement le plus difficile à traiter. Pour les génotypes 2 et 3, le taux de réponse était le même dans les trois groupes (environ 80 %).
Les analyses secondaires ont montré que le poids était un important élément prédictif de la RVS.
Le taux de réponse biologique (alanine aminotransférase) à la fin du traitement était le même dans les trois groupes (65 %, 63 % et 69 %) ; le taux de réponse soutenue pour ce paramètre biologique était plus élevé (54 %) dans le groupe peginterféron à la dose la plus élevée que dans le groupe à la plus faible dose (48 %) ou dans le groupe interféron standard (47 %).
Pour ce qui est des effets secondaires, ils étaient similaires dans les trois groupes.
L'effet sur le génotype 1
« Dans notre grande étude randomisée, soulignent les auteurs, le peginterféron alpha 2b à 1,5 μg/kg, une fois par semaine, en combinaison avec la ribavirine, pendant quarante-huit semaines, a accru de façon significative le taux de RVS par rapport à l'association interféron standard plus ribavirine pendant la même durée. » Le bénéfice a été associé à une diminution de l'inflammation hépatique. « Le bénéfice de la plus forte dose de peginterféron alpha 2b plus ribavirine a été le plus apparent chez les patients ayant une infection par le génotype 1 (42 %). Cela représente une amélioration substantielle par rapport au taux de réponse de 29-33 % obtenu chez ces patients avec l'interféron alpha 2b plus la ribavirine pendant quarante-huit semaines. »
« Etant donné l'amélioration du taux de réponse et l'intérêt d'une administration hebdomadaire, ce régime (association peginterféron alpha 2b 1,5 μg/kg par semaine et ribavirine) va remplacer le schéma actuel par interféron alpha 2b standard plus ribavirine », concluent les auteurs.
Michael Manns et coll. (International Hepatitis Interventional Therapy). « Lancet » du 22 septembre 2001, pp. 958-965.
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