REFERENCE
L'hémochromatose génétique (HG) est une maladie héréditaire induite par une augmentation de l'absorption digestive du fer, associée au dépôt du métal dans de nombreux tissus, notamment le foie et le pancréas. C'est une mutation chromosomique homozygote (C282Y) qui est à l'origine de la majorité des cas et qui entraîne une anomalie de la protéine HFE. Celle-ci, mutée, agirait en facilitant le transfert et la captation du fer digestif.
Cette surcharge viscérale en fer, liée à une accumulation de fer dans les cellules parenchymateuses d'organes mous comme le foie, le pancréas..., est responsable à terme d'une altération de structure et de fonction des organes ciblés.
L' expression clinique est variable d'un malade à l'autre. La précocité du diagnostic en module la gravité. Les manifestations cliniques habituelles dans les formes symptomatiques à diagnostic retardé sont : une asthénie, une arthropathie, une mélanodermie, une hépatomégalie et, plus rarement, une cardiopathie. L'atteinte pluri-endocrinienne est alors la règle. Elle comporte essentiellement le développement d'un diabète sucré et d'une insuffisance gonadique.
Le diabète sucré représente une complication endocrinienne très fréquente. Sa fréquence est estimée à 2 à 14 % lorsque le diagnostic d'HG est précoce, et atteint de 40 à 60 % si le diagnostic est retardé, quand des signes cliniques et biologiques sont déjà présents. Cette fréquence doit conduire le clinicien, confronté à une hyperglycémie d'installation récente, à évoquer, à coté des diabètes de type 1 ou 2, l'alternative d'un diabète secondaire à l'HG.
L'hyperglycémie retrouvée dans l'HG ne relève ni d'un diabète de type 1 ni d'un diabète de type 2, mais d'un diabète spécifique (classification 1997 de l'American Diabetes Association).
Deux mécanismes sont en cause. L'un, sans doute le plus important, est le dépôt de fer dans les cellules bêta des îlots de Langerhans, qui entraîne une réduction sévère de la production d'insuline ; l'autre est une insulinorésistance liée au dépôt de fer intra-hépatique, qui entraîne une perte de l'aptitude du foie à extraire l'insuline.
« C'est donc chacun de ces deux mécanismes (insulinodéficience, insulinorésistance), isolément ou combinés, qui progressivement conduisent d'une normoglycémie à l'intolérance aux glucides, puis au diabète non insulinorequérant, et enfin au diabète insulinonécessitant. » Les patients avec diabète secondaire à l'HG peuvent développer des complications chroniques de l'hyperglycémie (micro-angiopathie, neuropathie). De plus, l'excès de fer pourrait contribuer au développement de complications cardio-vasculaires.
L'hypogonadisme est également une complication fréquente de l'HG, et est retrouvée selon plusieurs études belges et canadiennes chez 42 % des malades. Cet hypogonadisme est le plus souvent secondaire à une atteinte hypophysaire. Chez ce type de patients, des taux de FSH et de LH, significativement diminués, ont été relevés. Des analyses anatomo-pathologiques sur des sujets porteurs d'une HG ont permis d'identifier, de manière privilégiée, des dépôts de fer dans les cellules gonadotropes de l'antéhypophyse. Enfin, la correction de l'hypogonadisme après traitement par HCG favoriserait cette hypothèse.
D'autres complications endocriniennes de l'HG sont exceptionnelles (hypothyroïdie, atteinte primaire cortico-surrénalienne).
21es Journées françaises d'endocrinologie clinique, nutrition et métabolisme.
Communication du Pr Buysserchaert (service d'endocrinologie et nutrition, cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles).
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