De notre correspondante
à New York
Le fer, on le sait, est un élément essentiel fourni par l'alimentation. Il est indispensable pour apporter l'oxygène dans les cellules sanguines.
Chez les patients atteints d'hémochromatose héréditaire, le fer en excès s'accumule dans l'organisme et se dépose dans les organes, causant cirrhose, diabète, cardiomyopathie et arthropathies, entre autres. Une cause majeure est la mutation du gène HFE (chr 6), dont la protéine interagit avec le récepteur de la transferrine (TRF1).
L'hémochromatose juvénile est aussi un trouble autosomique récessif dû à une absorption intestinale accrue en fer. Il conduit à une surcharge en fer sévère et précoce avec survenue dès la deuxième décennie de la vie de cardiomyopathie, de diabète et d'hypogonadisme.
Sur le chromosome 1q
Une majorité des cas d'hémochromatose juvénile sont dus à une mutation d'un gène inconnu sur le chromosome 1q.
Récemment, quelques cas familiaux non liés au chromosome 1 ont aussi été attribués à une mutation du gène de l'hepcidine (HEPC). L'hepcidine est un peptide hormonal sécrété par le foie qui régule négativement l'absorption intestinale du fer et la libération du fer par les macrophages.
Une équipe multicentrique, dirigée par le Dr Michael Hayden (Xenon Genetics et service de génétique médicale de l'université British Columbia, à Vancouver), s'est intéressée a découvrir le gène en cause sur le chromosome 1q.
Douze familles atteintes d'hémochromatose juvénile liée au chromosome 1q, d'origine grecque, française et canadienne ont été étudiées.
Les investigateurs ont trouvé des mutations sur un gène, HFE2. La protéine codée a reçu le nom d'hémojuvénile.
Le gène HFE2 est exprimé dans le foie, le coeur et le muscle squelettique, autrement dit, là où se trouve l'hepcidine. Les résultats suggèrent que l'hémojuvénile module l'expression de l'hepcidine.
Selon les investigateurs, « l'hémochromatose juvénile et l'hémochromatose héréditaire sont donc sur le même spectre biochimique et phénotypique ». La forme juvénile plus sévère est liée à l'absence d'hepcidine, tandis que la forme adulte plus tardive est liée à un déficit seulement partiel d'hepcidine. « Le résultat direct du déficit en hepcidine est qu'il existe dans les deux formes - juvénile et adulte - une hyperabsorption intestinale de fer. »
L'identification de l'hémojuvénile ouvre de nouvelles approches diagnostiques et thérapeutiques pour les troubles liés au fer, déclarent les chercheurs.
L'hémojuvénile représente aussi une nouvelle cible thérapeutique pour le traitement de l'anémie inflammatoire. Cette anémie, observée au cours d'infections, de cancers et d'inflammations chroniques, est due à une surexpression de l'hepcidine qui entraîne une rétention de fer par les macrophages et une diminution d'absorption intestinale en fer.
« Nature Genetics », 30 novembre 2003, DOI : 10.1038/ng1274.
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