Habituellement, les varices liées à l'hypertension portale se développent au niveau du bas œsophage, de l'estomac, du rectum voire, rarement, en d'autre sites digestifs. Les varices « ectopiques », extra-intestinales, sont extrêmement rares. C'est dire si le cas rapporté par des Belges dans le « New England Journal of Medicine » est hors du commun.
L'histoire est celle d'une femme de 54 ans, éthylique chronique, qui présente brutalement une hématurie macroscopique profuse. Elle est porteuse d'une cirrhose du foie compliquée : décompensations ascitiques, ruptures de varices œsophagiennes (VO), pancréatite chronique. Ses VO ont déjà été sclérosées et ligaturées. Par ailleurs, cette femme a déjà été opérée de la vésicule biliaire (cholécystectomie), d'un cancer du rein (néphrectomie gauche) et de l'utérus (hystérectomie).
Lorsque cette patiente arrive à l'hôpital, son hématurie s'est tarie.
L'échographie abdominale montre de multiples nodules anéchogènes des parois supérieure et postérieure de la vessie. La cystoscopie montre de grosses varices vésicales. L'angiographie sélective de l'artère mésentérique supérieure montre des dilatations veineuses à la racine du mésentère, dans les régions iléale et colique, qui se drainent dans de grosses varices vésicales, en direction des veines iliaques externe et interne.
La patiente est traitée par propranolol, habituellement utilisé pour les ruptures de VO des cirrhotiques. Sur un an de suivi, il n'y a pas de récurrence de l'hématurie.
« Les varices vésicales secondaires à l'hypertension portale sont rares, expliquent les auteurs, puisque les parois vésicales constituent une voie collatérale inhabituelle pour le sang splanchnique. Les varices vésicales peuvent apparaître quand le lit splanchnique collatéral habituel ne peut pas se développer, ce qui conduit le sang veineux à circuler dans le système veineux de la vessie. Etant donné que notre patiente avait des antécédents de sclérothérapie, de ligature et de chirurgie abdominale, ses collatérales habituelles étaient peut-être interrompues », concluent les auteurs.
Yves Gaspar, Olivier Detry et Jean de Leval, université de Liège. « New England Journal of Medicine » du 15 novembre 2001, pp. 1503-1504.
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