D ES virus de l'hépatite B (HBV) résistants à la lamivudine sont présents chez environ 15 % à 32 % des patients après un an de traitement, qu'ils soient coïnfectés ou pas par le VIH. Ce taux passe à 38 % et 67 % après 2 et 4 ans de traitement chez les patients infectés par l'HBV seul, de 50 % et 90 % en cas de coïnfection par le VIH. Or si l'on ne connaît pas toutes les répercussions à long terme de cette résistance, on sait que chez les patients coïnfectés par le VIH, la restauration du système immunitaire sous trithérapie (HAART) accélère la progression de l'hépatopathie, aboutissant au développement rapide d'une cirrhose.
La mise à disposition d'un antiviral actif sur les souche d'HBV résistantes est donc particulièrement importante pour les patients coïnfectés.
L'adefovir dipivoxil, qui a fait l'objet d'un essai ouvert dans le service d'hépatologie du Pr Benhamou (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), est un analogue nucléosidique actif sur une large variété de virus, y compris les VIH-1 et 2. Ce produit a été administré quotidiennement à la dose de 10 mg/j pendant 48 semaines à des patients coïnfectés par le VIH continuant leur traitement anti-VIH (incluant 150 mg/j de lamivudine). Tous ces patients devaient avoir un HBV-DNA sérique détectable au moins 6 mois avant l'inclusion, prouvant la résistance à la lamivudine. La tolérance et l'efficacité de la drogue étaient surveillées toutes les quatre semaines jusqu'à la fin de l'essai.
Sur les 35 patients du service d'hépatologie, 31 restant ont achevé les 48 semaines de suivi. La baisse moyenne de la charge virale (HBV DNA) par rapport au niveau initial (8,64 log copies/ml) était de moins 3,40 log copies/ml à la 24e semaine et de 4,01 log copies/ml à la 48e semaine. Deux patients ont fait une séroconversion HBe (apparition d'anticorps anti-HBe), l'un à la 32e semaine, l'autre à la 36e. L'adefovir dipivoxil a été généralement bien toléré à l'exception d'une augmentation transitoire des ASAT chez 15 d'entre eux. Aucune modification de la charge virale du VIH (HIV-RNA) et du taux de CD4 n'a été observée. Cet essai pilote sur un nombre certes modeste de patients a donc satisfait les critères d'efficacité et de tolérance chez ce type de patients.
Yves Benhamou et coll, «The Lancet», Vol 358, 1 septembre 2001.
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