?Dans la prise en charge des démences, le médecin généraliste pâtit-il du cynisme des décideurs ou de leur impuissance ? Dans l’actualisation de sa recommandation en décembre dernier, la HAS désigne le généraliste comme « le pilote de l’organisation des soins ». On lui demande la première évaluation des troubles, de coordonner le plan de soins et d'aides. Le médecin traitant évalue, oriente le diagnostic, remplit des échelles, s’occupe des aidants, des infirmières... Aux spécialistes, le dernier mot ! À eux de poser le diagnostic de certitude de maladie d'Alzheimer, de l’annoncer au patient et de prescrire un traitement médicamenteux. En somme, une quasi-délégation de tâches …
Cette place qui leur est faite par des décisions venues « d’en haut », n’a pas mis longtemps à faire réagir la profession. Le Collège National des Généralistes Enseignants, notamment, réclame à la HAS des niveaux de preuves plus robustes sur le repérage des stades précoces des démences, ceux des troubles cognitifs légers, qui concernent près de 30 % de la population. Faut-il proposer à tous les patients se plaignant de troubles de la mémoire une consultation spécialisée ??Faut-il les soumettre à des bilans neuropsychologiques parfois invasifs quand il n’existe pas de traitement validé des troubles ?
Une plénière inaugurale du Collège de la médecine générale consacrée au sujet s’est tenue hier à l’occasion du 6e Congrès de la médecine générale, à Nice. Comme pour dire que les sociétés savantes de médecine générale sont dorénavant incontournables pour les choix qui concernent le périmètre d’activité scientifique du médecin traitant. Que les décisions qui concernent la place des omnipraticiens dans les prises en charge des pathologies ne peuvent plus être prises sans concertation préalable des experts de la médecine générale. Et peut-être aussi pour dire, à qui veut bien l’entendre, que les négociations conventionnelles ne peuvent plus être le seul lieu de partage du contenu de l’exercice. Un message fort auquel sera sans doute invitée à répondre Marisol Touraine annoncée à Nice demain samedi. « Performance et qualité » sont les socles de cette VIe édition et sonnent comme l’annonce de la maturité de la profession.
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