« JUSQU'A QUAND les pouvoirs publics feront-ils passer les intérêts commerciaux avant la santé publique ? » l'Académie de médecine est en colère. L'an dernier, elle a adopté un rapport de Jacques Bazex (au nom de la commission technologie biomédicale) déconseillant formellement le bronzage artificiel et demandant un renforcement des mesures réglementaires et des contrôles. Or, « malgré des mises en garde répétées de la part du corps médical, de nouvelles cabines de bronzage s'ouvrent chaque jour et leur fréquentation est en constante augmentation ».
On compte 200 centres de bronzage, 3 200 instituts équipés et plus de de 40 000 bancs solaires. La croissance est de 30 % par an depuis trois ans. Et les hommes ne sont pas les derniers à recourir aux UV artificiels, puisqu'ils constituent 45 % de la clientèle.
Insuffisances.
S'appuyant notamment sur une enquête menée par « Que choisir ? » en 2003 dans 450 centres, l'Académie fait le constat des insuffisances. L'information sur les risques n'est ni claire, ni suffisante, et le personnel ne se renseigne presque jamais sur l'état de santé du client, alors que les contre-indications sont connues (personnes souffrant de problèmes dermatologiques, affaiblissement du système immunitaire, médicaments à effet photosensibilisateur). Les appareils sont de puissances très différentes d'un centre à l'autre et il est impossible pour le consommateur d'évaluer si le temps d'exposition préconisé est en adéquation avec son type de peau. La législation n'impose un délai (de 48 heures) qu'entre les deux premières séances et pas pour les suivantes. Certains centres poussent à la consommation, par exemple avec des forfaits ou des cartes de fidélité. Contrairement à la réglementation*, les mineurs sont presque toujours acceptés. La formation du personnel est insuffisante et mal adaptée.
L'Académie constate ainsi que ses recommandations n'ont pas été suivies et que les enquêtes des associations de consommateurs sont restées sans effet. Elle regrette aussi que la publicité pour ces centres ne soit pas limitée, alors qu'elle suggère parfois des bénéfices pour la santé : les courriers au CSA pour demander l'interdiction de la publicité à la télévision n'ont pas reçu de réponse et il n'y a aucun moyen légal d'arrêter la publicité dans les salles de cinéma.
Conclusion navrée des académiciens : « Ce commerce lucratif bénéficie impunément d'une réglementation faussement protectrice qui sous-entend que l'usage de ces cabines est acceptable » alors que les risques cancérigènes sont connus et que la réglementation est non seulement insuffisante mais de surcroît rarement appliquée, les manquements n'étant jamais sanctionnés.
* Décret du 30 mai 1997, qui définit aussi les informations obligatoires sur l'utilisation des appareils UV.
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