Lors des états généraux de la psychiatrie en juin, huit syndicats se sont rassemblés en une confédération et ont dégagé une vingtaine de mesures d'urgence (« le Quotidien » du 13 juin). Ce faisant, ils comptent parler d'une voix plus forte et dénoncer notamment la « technocratie » qui pollue, selon eux, l'organisation des soins psychiatriques.
L'Union syndicale de la psychiatrie (USP), le Syndicat des psychiatres de secteur (SPS), celui des médecins psychiatres des organismes publics, semi-publics et privés (psychiatres salariés), le Syndicat national des psychiatres d'exercice privé (SNPEP), le Syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP), le Syndicat des psychiatres français, celui des universitaires de psychiatrie et le Syndicat des psychiatres des hôpitaux ont décidé de parler désormais d'une seule voix : celle de la « Confédération française des syndicats des psychiatres ».
L'inadéquation entre l'offre et la demande qui a mené la psychiatrie, comme d'autres disciplines, à un « point de rupture scandaleux », selon le Dr Roger Salbreux, président du Syndicat des psychiatres salariés, a poussé les psychiatres à se rassembler. Quelques chiffres. 125 000 : c'est le nombre de lits qui ont été supprimés de 1970 à 2000 dans les hôpitaux. Face à ces disparitions, 4 millions de Français ont été reçus dans les services de psychiatrie en 2001. « Nous gérons la pénurie. Désormais, notre seule obsession, c'est de faire de la place », témoigne le Dr Norbert Skurknik, président du Syndicat des psychiatres de secteur. « Les délais d'attente deviennent totalement aberrants. Ils s'allongent par exemple de six mois à un an pour un enfant qui présente de grosses difficultés scolaires. La paupérisation d'une partie de la population alourdit notre mission. Nous nous plaçons en situation de non-assistance à personne en danger. »
« Le château de cartes s'écroule »
La psychiatrie est sinistrée à l'hôpital mais pas seulement. Le surplus des hôpitaux déborde en effet sur les cabinets de ville ainsi que dans les structures médico-sociales. « Les carences se poussent l'une l'autre. C'est un château de cartes qui s'écroule », déplore le Dr Salbreux. Le nombre de chaires universitaires, précise-t-il, est lui aussi bien inférieur aux besoins. « Nous sommes ouverts aux exigences de qualité et à l'évaluation de nos pratiques prônées par l'ANAES mais comment accepter que notre référentiel soit le fruit d'un bureaucrate de Rennes [issu de l'Ecole nationale de santé publique, NDLR ] ? ». Les psychiatres souhaitent rester les initiateurs du référentiel des soins psychiatriques.
La Confédération espère présenter les travaux des états généraux au ministère de la Santé très prochainement. « Les rapports fleurissent, mais pas les discussions. Nous voulons être consultés pour ce qui concerne l'avenir de notre profession ».
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