Arts
Hans Holbein est un immense portraitiste. D'abord parce que sa technique, qu'il perfectionne à Bâle auprès de Holbein l'Ancien, son père, et de son frère Ambrosius, est sans faille, et, dès ses premières uvres, très accomplie. Ensuite parce que ses peintures sont une habile transition entre le gothique tardif et la Renaissance et que nul autre mieux que lui n'a su faire la synthèse entre ces deux époques. Mais surtout parce que ses portraits restent animés, après cinq siècles, d'une force exceptionnelle.
Né à Augsbourg, dans l'Allemagne du sud-ouest, Holbein réside dès l'âge de 18 ans, comme compagnon, à Bâle, où, outre la réalisation de vitraux, d'autels, de décorations de façades, de fresques et d'illustrations, il commence ses premiers portraits. Il y rencontrera Erasme, le grand humaniste hollandais, dont un remarquable portrait de profil figure dans l'exposition.
En France, vers 1524, il découvre les uvres de Jean Clouet, peintre de la Cour, ainsi que celles des grands maîtres italiens. Mais c'est en Angleterre qu'Holbein choisit de vivre ; il y résidera jusqu'à sa mort, en ne retournant à Bâle que pour un seul séjour.
Outre-Manche, le peintre est sous la protection de Thomas More, homme d'Etat fortuné et puissant qui lui permet de rencontrer les personnalités éminentes du royaume. C'est à ce moment-là que l'art d'Holbein prendra toute son ampleur.
L'exposition dévoile une remarquable série de portraits des années 1530, dans lesquels Holbein campe les riches marchands de Londres, les bourgeois, les banquiers, les ambassadeurs et, plus tard, les membres de la cour d'Angleterre à laquelle il travaille à partir de 1536, au service du roi Henri VIII.
Ces portraits sont d'une extraordinaire acuité. Intenses. Implacables. On oserait même dire des chefs-d'uvre de la caricature. Par la perfection de leur expressivité, par le grossissement de certains traits, par les symboles utilisés, par les couleurs éloquentes qu'il introduit dans ses uvres, Holbein fait parler d'eux-mêmes ces types humains. Il fournit sur eux des indications d'une étonnante précision : une teinte froide d'arrière-plan pour le portrait de Philip Melanchton à la carnation blafarde ; un somptueux habit rouge pour marquer le rang du Prince of Wales, Edward. Holbein n'assagit pas son pinceau. Ni l'embonpoint d'un corps, ni la sournoiserie d'un visage, ni l'apathie d'un regard ne seront épargnés aux modèles. Nulle sublimation par l'art.
On est fasciné par tant de vérité. On est ici loin de l'idéal du Beau qui allait triompher quelques décennies plus tard. Ce qui triomphe en revanche chez Holbein, outre la maîtrise technique, c'est la clairvoyance, une clairvoyance sans concession.
Mauritshuis (Korte Vijverber 8, BP 536. 2501 CM. La Haye), jusqu'au 16 novembres. Tlj de 10 h à 17 h. Renseignements : 00.31.70.302.34.35, www.hansholbein.nl.
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