La santé en librairie
L'obésité augmente chez l'enfant dans les sociétés modernes consuméristes. C'est indéniable, « l'immense majorité des excès de poids de l'enfance et de l'adolescence ne correspond à aucun trouble psychopathologique grave », rappelle Marie-Laure Frelut, pédiatre, spécialisée en nutrition (1). Excès de calories et de sédentarité en sont les causes essentielles.
Pour permettre à un enfant de cesser de grossir, si sa courbe de poids prend des allures inquiétantes, ou de perdre quelques kilos lorsque le mal est déjà fait, deux modifications sont indispensables : l'évitement des pièges alimentaires et le rétablissement d'un équilibre d'ensemble. Le premier objectif nécessite la participation de toute la famille et l'éducation de l'enfant à la critique publicitaire. La lutte contre le Nutella, la Vache qui rit ou les cacahuètes exige en effet des armes bien affûtées. Le second passe par l'évitement du recours automatique à la télévision et aux activités sédentaires. Le guide de M.-L. Frelut expose de façon pragmatique les moyens simples pour prévenir l'obésité chez l'enfant et l'adolescent.
A l'école
La famille est bien le lieu idéal pour une éducation à une alimentation saine. L'école peut être un relais utile pour l'apprentissage du goût et de la culture culinaire. Cette éducation nutritionnelle, expliquent M.-C. Aknin-Cahané, médecin nutritionniste, et Nicole Marty (2), inspectrice à l'Education nationale, est l'occasion de faire connaître le patrimoine culturel, de parler de la santé, de faire de la chimie, de favoriser l'éveil sensoriel et l'apprentissage de la satiété, condition essentielle de la maîtrise du poids. L'ouvrage fait le point sur la nutrithérapie aux différents âges de la vie et sur les expériences scolaires dans le domaine du goût.
Les pièges de l'amaigrissement
En 1994, plus du tiers de la population américaine était obèse et ce chiffre ne cesse d'augmenter. Les obèses n'existaient pas au Japon dans les années 1950, ils sont aujourd'hui plus de 5 %. L'épidémie d'obésités massives et irréversibles, à laquelle nous commençons à assister, semble en grande partie relever des phénomènes de Yo-yo. Il faut donc insister sur la difficulté de maigrir et plus encore de stabiliser son poids. La femme est ronde par essence, affirme B. Waysfeld (3). Pourtant, nous assistons à l'émergence d'un idéal anorexique, image en négatif de nos sociétés d'abondance.
Des mangeurs désorientés
Evitons le tout-génétique, le tout-psychologique ou le tout-environnemental, dit ce médecin, qui plaide pour une approche psycho-nutritionnelle des troubles du comportement alimentaire. « De tous temps, l'alimentation a été au centre des préoccupations humaines. Elle répond en effet à un triple besoin, énergétique et symbolique. » Il faut donc tenir compte de ces dimensions pour comprendre ce qui a profondément changé dans nos sociétés où cette exigence de minceur nous rend fous (folles ?) ou nous fait grossir en excès, de manière morbide.
Halte aux mangeurs désorientés et aux consommateurs serviles, nous dit aussi Hervé Robert (4), médecin nutritionniste mais également animateur d'un club de gastronomie. Avant de décider de maigrir, il faut savoir ce qu'est le surpoids, quel est le rapport entre le poids et l'activité, à quoi nous exposent les multiples régimes, la mode, les médicaments ou pilules supposées miracles proposées pour répondre au diktat de la minceur, les méthodes chirurgicales disponibles. Le monde de l'amaigrissement est truffé de pièges qu'il nous faut savoir identifier si nous ne voulons pas y perdre la santé. L'analyse critique du Dr Robert, qui appelle de ses vux une politique de santé publique fondée sur la prévention, sort des sentiers battus.
Un peu d'astuce ne nuit pas à la silhouette. Les conseils d'Isabelle Raynaud, endocrinologue (5), pour louvoyer entre deux écueils alimentaires seront utiles à ceux et celles qui souhaitent perdre quelques kilos sans aller voir leur médecin. Un programme adapté au mode de vie de chacun, alliant diététique et activité physique, est présenté sous forme de cahier interactif avec, pas à pas, la marche à suivre et les situations dans lesquelles une prise en charge médicale s'impose.
Enfin, à table ! Une fois que l'on a tout compris, on peut enfin manger... pardon, goûter ! Les 500 recettes proposées par Emilie Bertrand (6) sont destinées à ceux et celles qui veulent maigrir
(« recettes très basses calories »),cherchent à stabiliser leur poids
(« recettes équilibrées »)ou ne pas en prendre
(« recettes légères pour repas entre amis »et
« classiques allégées »). Elles sont simples, alléchantes, bien expliquées, et respirent la santé. Leur identification en fonction du stade du régime est toutefois peu explicite, ce qui pourrait inciter les gourmands en phase de restriction à confondre sans état d'âme recettes très basses calories et recettes dites équilibrées.
Le livre du Dr Andrei Dracea (7) est desservi par son titre. « Guérir en mangeant » n'est pas un livre de recettes magiques de plus mais un guide répertoriant le contenu des aliments et leurs vertus, après avoir expliqué les différents composants des dits aliments (d'Abricot à Whisky en passant par plus de 200 autres comestibles), leur rôle physiologique et leur implication possible en pathologie. Une troisième partie est consacrée au rôle possible de l'alimentation, et donne des conseils pour telle ou telle maladie ou symptôme, sans faire prendre de risque au lecteur.
Entre méthode Coué, adaptation occidentale et simplifiée des préceptes bouddhistes et bon sens élémentaire, les 440 conseils de Dominique Glocheux (8) ne mangent pas de pain ! Si quelques-uns font sourire à défaut de faire maigrir
(« Ne ratez pas une occasion de visiter un abattoir, une conserverie ou une charcuterie industrielle »),d'autres paraissent d'une utilité plus incertaine pour perdre des kilos (« Promenez-vous plus souvent pieds nus ! » ).
La rondeur originelle
La course effrénée à la minceur a des détracteurs de talent. Pierre Dukan (9), nutritionniste, plaide de manière vigoureuse contre ce diktat moderne. Autour de cette mode qui a pénétré l'inconscient féminin, rôdent la frigidité et l'impuissance, explique-t-il dans un essai chaleureux et rafraîchissant. « Inconsciemment, notre civilisation gratifie un mot d'ordre aliénant qui tend à féminiser les hommes et à viriliser les femmes, ce qui en dit long sur l'essoufflement de notre civilisation. Ce culte de la minceur, fruit de la société de consommation, cautionné par le mouvement féministe qui, en revendiquant l'égalité entre les sexes, a refusé les pôles sexuels, entérinés par les fabricants de prêt-à-porter adeptes des modèles androgynes, ne génère que frustration et aigreur. » Pour convaincre ses lecteurs, cet homme, qui aime indiscutablement les femmes, fait un retour aux sources de notre genèse sexuelle pour argumenter ce qui lui paraît être une évidence universelle : les femmes ont un rondeur originelle destinée à attiser la polarité sexuelle, et les hommes les préfèrent comme cela. « Le paradoxe réside dans l'énorme disproportion existant entre les quatre-vingt mille générations qui ont adulé la rondeur et la misérable petite génération isolée et insolente que nous sommes et qui clame un goût décadent et dangereux pour la minceur », affirme-t-il. Il en appelle aux journalistes qui font la loi de la mode, aux hommes qui se sont laissés imposer ce diktat mortifère pour amorcer un mouvement de libération... des rondeurs.
La silhouette c'est bien joli, mais le cerveau que lui donne-t-on ? Jean-Marie Bourre (10) propose une nouvelle mise au point sur ce qu'il faut pour notre cerveau aussi gourmand que potentiellement gastronome. Diversifier les aliments, combiner les variétés entre elles, cultiver le plaisir de se nourrir sont les meilleurs moyens de garantir équilibre, santé et bien-être. Encore faut-il avoir appris cet art de vivre. « La nutrition est aussi l'art d'élever un besoin physiologique au rang d'une sensation voluptueuse et d'un acte culturel », dit-il. Miam, miam !
(1) « L'Obésité de l'enfant et de l'adolescent », Dr Marie-Laure Frelut, Odile Jacob,188 pages, 19,90 euros.
(2) « A l'école du goût », Dr Marie-Claude Aknin-Cahané, Nicole Mart, Robert Laffont, coll. « Réponses », 237 pages, 18 euros.
(3) « Le Poids et le Moi », Bernard Waysfeld, Armand Colin, 304 pages, 20 euros.
(4) « Réponses à 100 questions sur les régimes », Dr Hervé Robert, Solar, 393 pages, 18,90 euros.
(5) « Votre régime sur mesure », Dr Isabelle Raynaud, Hachette, 205 pages, Solar, 518 pages, 18 euros
(7) « Guérir en mangeant », Dr Andrei Dracea avec la collaboration de Jackie Séguin, Presses du Châtelet, 416 pages, 19,95 euros.
(8) « Maigrir et voir la vie en rose », Dominique Glocheux, Albin Michel, 216 pages, 10 euros.
(9) « Les hommes préfèrent les rondes », Dr Pierre Dukan, Le Cherche Midi, 203 pages, 15 euros.
(10) « Diététique du cerveau, la nouvelle donne », Dr Jean-Marie Bourre, Odile Jacob, 300 pages, 19,90 euros.
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