Je rédige ces mots à l’intention de l’auteur de ce courrier ridicule voire honteux, bien que je doute que ça aille jusqu’à ses oreilles…
La sage-femme a un bac +5, effectivement, comme le chirurgien a bac +10, l’infirmier bac +3, l’aide-soignant, avec ou sans bac a fait un an d’étude… Soit : chaque profession requiert une base d’étude propre et « diplômante » pour pouvoir exercer… Pourquoi lancer débat sur le sujet ? Je l’ignore.
Quant à la profession de sage-femme à proprement parler, je pense que bien des femmes (que la vôtre n’en fasse pas parti n’est pas représentatif de la population française selon moi...!) sont ravies d’être suivies par une sage-femme, qu’il s’agisse du suivi gynécologique ou obstétrical. Trois bonnes raisons me viennent rapidement à l’esprit.
Premièrement : bien que ce ne soit pas de la torture, le frottis - entre autres examens gynécologiques - est loin d’être une réjouissance. La sage-femme a souvent davantage le temps que le généraliste, est souvent très douce, met la femme en confiance, j’en passe. Je n’en suis pas à mon premier examen gynécologique, j’en témoigne donc…
Deuxièmement : il devient très difficile, en France de trouver un gynécologue offrant des consultations dans la semaine ou même dans le mois. Dans certaines villes il faut parfois attendre jusqu’à un an pour obtenir un rendez-vous ! Pourquoi cela est-il un problème de laisser la pathologie au médecin et la physiologie à la sage-femme ? Vous avez peur de perdre vos patients ? Pensez-vous que la population française va cesser d’être malade ?
Troisièmement : la consultation médecin spécialisé est plus chère que la consultation sage-femme, je ne vous l’apprends pas (28 €, remboursé à 70 % versus 12 €, remboursé 12 €, avant le changement de loi pour la sage-femme !). Et qu’en est-il du dépassement d’honoraires ? Les sages-femmes n’en font pas. Après, si vous trouvez que c’est du vol de payer 25 € pour une consultation de sage-femme… Je ne sais que dire ! Que devez-vous penser des psychologues ?
Pour ma part, je n’ai rien à reprocher aux médecins, je ne suis pas rageuse contrairement à l’écrit que j’ai lu. J’adorais ma gynécologue et si j’ai décidé de me faire suivre par une sage-femme, c’est pour l’une des raisons citées plus haut : la disponibilité.
De plus, si vous trouvez la sage-femme « surpayée » : sachez que sa consultation dure au minimum 30 minutes, bien qu’elle déborde le plus souvent sur 45, voire une heure. Combien de temps le médecin généraliste passe-t-il avec le patient pour le même prix ? Tout le monde a déjà consulté un médecin, donc chacun sait que la moyenne est de 10 minutes Encore une fois je n’ai vraiment rien contre les médecins. Nous devons travailler ensemble de manière intelligente, les différents corps médicaux et paramédicaux ont besoin les uns des autres.
Quant aux compétences - selon vous trop larges - de la sage-femme. J’avoue être en peine de trouver ce qui vous chagrine objectivement… L’appareil reproductif de la femme en âge de procréer, mais aussi avant et après, n’est pas une pathologie, elle fait partie de la femme, elle occupe d’ailleurs une bien grande place. Ne pensez-vous pas qu’une jeune fille serait plus à l’aise avec une sage-femme pour évoquer la contraception, ne pensez-vous pas qu’une femme ayant été suivie par une sage-femme pour ses grossesses et accouchements aurait plaisir à poursuivre son suivi gynécologique avec le même professionnel de santé ?
Ne soyez pas inquiet pour la rééducation : les kinésithérapeutes ne sont pas en mal de patients.
En quoi cela est-il un problème que nous prescrivions les moyens contraceptifs ? Je vous rappelle que nous faisons des études pour cela. Ce n’est pas du zèle.
Sachez enfin, que les sages-femmes savent enlever les implants…
J’ai vraiment essayé de comprendre pourquoi ce dédain, ce désarroi voire cette haine, pour cette profession, je n’y suis pas arrivée.
Je répète, que pour ma part, je n’ai absolument aucun mépris pour les médecins : il me semble logique d’aller consulter le mien si j’ai une grippe, comme il me semble logique de voir ma sage-femme si j’ai besoin d’un suivi gynécologique.
En conclusion, pas de mépris pour les médecins, du mépris pour les personnes qui crachent sur une profession (la mienne en l’occurrence) comme vous le faites.
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