REFERENCE
• Sommeil
Lors du sommeil, les hallucinations surviennent lors de l'endormissement (hallucinations hypnagogiques, 37 % de 4 972 sujets interrogés dans l'étude de Ohayon et coll., 1996), dans la transition veille-sommeil, lorsque l'esprit cesse d'être attentif, ou lors du réveil (hallucinations hypnopompiques, 12,5 %). Ces hallucinations peuvent être visuelles le plus souvent (formes vagues et abstraites, faces d'hommes, d'animaux, souvent grotesques et colorées, scènes naturelles...), auditives (sonnerie du téléphone...), kinesthésiques (allongement ou raccourcissement d'un membre, « descente »...). Elles sont plus fréquentes avec le travail intellectuel, diminuent avec l'âge et se produisent en sommeil lent. Ces hallucinations s'imposent au sujet, plus spectateur qu'acteur, ce qui les différencie du rêve dans lequel le sujet a une part active.
Les patients présentant un état psychotique, une démence ou un état toxique pensent généralement que leurs hallucinations, vespérales ou nocturnes, sont réelles, alors que les sujets atteints d'hallucinations hypnagogiques ne le croient pas.
Dans la narcolepsie, poursuit le Pr M. Billiard (Montpellier), les hallucinations hypnagogiques sont un symptôme dit accessoire de la maladie, à l'inverse des accès de sommeil irrésistibles et des cataplexies, nécessaires pour poser le diagnostic de la maladie. Environ 65 % des narcoleptiques présentent des hallucinations à un moment ou à un autre de la maladie, lors d'endormissement en sommeil paradoxal (Hishikawa et coll., 1988). Elles répondent aux mêmes médicaments que la cataplexie.
• Vertiges
Les vertiges sont des illusions de mouvement, d'autant que le patient sait que ce qui l'entoure ne tourne pas ; il ressent une impression de « déréalité », confronté à son environnement. Pour le Pr M. Collard (Strasbourg), on peut inscrire les vertiges dans le cadre des hallucinations dans trois circonstances :
- le vécu de certains vertiges labyrinthiques, non pas à la phase initiale mais lors de leur évolution. La verticale subjective se différencie de la verticale objective, ce qui entraîne une image du moi perturbée, dont la régression est rapide ;
- le vertige des hauteurs, ou acrophobie, n'est pas une simple phobie mais un syndrome de déafférentation partielle, notamment labyrinthique, responsable d'une mauvaise construction de l'image du corps par rapport à l'environnement : « tout vertige résulte d'un conflit d'informations » ;
- le vertige épileptique de certaines atteintes du cortex vestibulaire. Le patient se plaint en disant « je tourne » au lieu de « ça tourne ».
Il existerait donc, en pratique, un continuum entre illusion et hallucinations.
• Epilepsie
L'hallucination épileptique est une manifestation sensorielle complexe, sans objet, représentant l'élément essentiel, souvent initial et parfois unique, de crises épileptiques partielles (70 à 75 % des cas) résultant d'une décharge neuronique à la périphérie du lobe temporal et au voisinage d'une aire sensorielle spécifique. Pour le Pr J.-L. Gastaut (Marseille), ce qui caractérise l'hallucination épileptique est sa très grande précision dans les détails, son lien avec une situation antérieurement vécue - hallucination ecmésique -, ainsi que sa stéréotypie, à la différence des hallucinations psychiatriques où existe une très grande variabilité de thèmes d'un épisode à l'autre.
• Maladie d'Alzheimer
Les hallucinations ne sont pas les troubles comportementaux les plus fréquents de la maladie d'Alzheimer, comme le montre l'étude de Mega et coll. (1996), dans laquelle elles « arrivent » bien loin derrière l'apathie et l'agitation. Les illusions et les hallucinations surviennent très souvent de façon associée à des délires, à une agitation ou à un comportement moteur aberrant (Chen et coll., 2000). Ces hallucinations existent au stade modéré de la maladie ; à un stade précoce, il convient d'éliminer notamment une démence à corps de Lewy ou une démence vasculaire.
L'incidence des hallucinations ne semble pas reliée au profil allélique pour l'apoprotéine E (Lyketsos et coll., 1997). Le Pr S. Bakchine (Reims) indique par ailleurs que les hallucinations semblent bien être un facteur pronostique péjoratif de la démence, comme le montre l'étude prospective sur quatre ans de Wilson et col(l. 2000). Enfin, si l'amélioration de l'éclairage semble constituer un facteur thérapeutique adjuvant, l'emploi des inhibiteurs de l'acétylcholinestérase réduirait l'incidence de certains troubles non cognitifs dont les hallucinations.
14es Journées du GRAL et de France Alzheimer à Marseille
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