Le rapport de la mission conduite par le Dr Renaud Piarroux à la demande des autorités françaises, elles-mêmes sollicitées par le gouvernement haïtien de l’époque, vient d’être publié dans la revue « Emerging Infectious Diseases » des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC). L’étude, intitulée « Comprendre l’épidémie de choléra », confirme l’hypothèse déjà formulée par le Dr Piarroux : le camp de l’ONU où résidaient des Casques bleus népalais est sans doute à l’origine de la contamination de la rivière Artibonite et de l’un de ses affluants, la rivière Meille par le vibrion cholérique.
« Il y a une parfaite corrélation dans le temps et les lieux entre l’arrivée du bataillon népalais venant d’une région où sévissait une épidémie de choléra et l’apparition des premiers cas, à Meille, quelques jours plus tard », indiquent les auteurs. L’infection s’est rapidement propagée à partir de cet affluent où les soldats déversaient les eaux usées et les matières fécales pour toucher simultanément 7 communes.
Selon les auteurs, l’épidémie n’a pas pu être importée par un « soldat porteur asymptomatique » de la souche – le risque d’une telle transmission est connu –, les doses nécessaires à l’apparition d’une infection chez des patients qui auraient bu l’eau contaminée n’auraient pas été suffisantes. « Nous pensons que des cas symptomatiques sont apparus au sein même du camp de la MINUSTAH », concluent-ils. Des investigations ont montré que beaucoup de ceux qui avaient été infectés travaillaient dans des rizières sur l’Artibonite et ont pu donc boire l’eau contaminée.
Les résultats d’une telle étude sont importants afin de mettre fin aux rumeurs d’une importation volontaire du choléra mais aussi pour mieux adapter les mesures de contrôle et de prévention. Ils mettent hors de cause la culture du riz dans l’Artibonite – celle-ci a subi de lourdes pertes – et elle va aider à adapter les procédures d’intervention des organismes internationaux.
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