?Modifications in extremis des recommandations pour la vaccination antigrippale, nombre plus important que prévu de formes graves survenant chez des sujets jeunes sans facteurs de risque classiques, cette année encore, l’épidémie de grippe sort des sentiers battus.
Le retour de la pandémie ?
En cause ? Le virus A(H1N1)v qui ne se comporte pas comme attendu. « Contrairement à ce que l’on pensait, le virus H1N1 n’a pas perdu ses caractéristiques de virus pandémique […] et finalement, on se retrouve un peu dans la situation de l’année dernière », résume le Pr Daniel Floret président du comité technique des vaccinations.
Classiquement, un virus à l’origine d’une pandémie une année donnée rentre dans le rang l’année suivante et devient alors un « banal » virus saisonnier. Il perd ainsi ses caractéristiques de virus pandémique ; à savoir une circulation quasi exclusive au détriment des autres souches et une forte propension à provoquer des formes graves chez des sujets sans facteurs de risque habituels.
Un schéma qui tarde à se mettre en place pour le H1N1 qui garde une virulence accrue chez les sujets jeunes, les femmes enceintes et les obèses et semble prendre peu à peu le pas sur les autres souches. Alors que début septembre, les données observées dans l’hémisphère sud semblaient rassurantes avec une épidémie de faible ampleur et une circulation réduite du virus A(H1N1)v, les données anglaises ont changé la donne. « Les Anglais ont rapporté des formes graves et des décès alors qu’ils avaient à peine
atteint le seuil épidémique », indique le Pr Floret. Surtout, parmi ces formes graves, « il y avait des personnes avec des facteurs de risque classiques que l’on attendait mais aussi des personnes sans facteurs de risque habituels de la grippe saisonnière dont des femmes enceintes et des obèses. » Selon les derniers chiffres de l’Health Protection Agency, la grippe a fait 50 morts au Royaume-Uni, dont
45 victimes de la souche H1N1 avec une majorité d’enfants et de jeunes adultes.
Plus de cas graves
En France, dans le dernier Bulletin épidémiologique grippe du 12 janvier*, l’InVS révèle que « le virus A(H1N1)v est devenu majoritaire dans les prélèvements effectués en population générale » et pointe «?une augmentation du nombre de cas graves admis en réanimation, essentiellement liés au virus A(H1N1)v ». Depuis le début de la surveillance, 175 signalements de cas graves ont été rapportés dont 39?% chez des personnes sans facteurs de risque. 7?% sont décédés.
Vaccination élargie
C’est ce comportement « pandémique » inattendu du H1N1, qui a conduit le Haut Conseil de la Santé publique à revoir fin décembre sa copie sur la vaccination antigrippale avec un retour à une politique vaccinale proche de celle envisagée au printemps denier, incluant dans la population cible femmes enceintes et personnes présentant une obésité avec un IMC supérieur ou égal à 30.
Si elle semble répondre à une nécessité épidémiologique, cette stratégie de vaccination « élargie » risque d’avoir bien du mal à passer auprès du grand public qui boude la vaccination antigrippale. « Il y a clairement de grandes réticences de la part des patients cette année, liées à la présence du H1N1 dans le vaccin, témoigne un généraliste de Haute-Vienne, et je passe beaucoup de temps à informer les patients. » Début janvier, l’Assurance-maladie faisait état d’un retard de 15 % par rapport à 2008, avec 5,7 millions « seulement » de personnes vaccinées. Dans ce contexte, « les décès qui vont survenir sont pour beaucoup des décès évitables », regrette le Pr Floret qui encourage les praticiens à poursuivre leur effort de vaccination même en pleine épidémie.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature