Fumasse, le Dr Olivier Bénaïs. Et pour cause, ce généraliste qui exerce en solo à Romainville, (Seine-Saint-Denis) sort juste de sa réquisition dans la salle des fêtes où se tiennent les vaccinations contre le H1N1. « J’y ai passé la matinée. Les policiers étaient venus le 12 novembre au cabinet pour m’informer que j’étais tenu de venir. Nous nous sommes retrouvés à trois médecins en ce matin du 17. Entre huit heures et treize heures, nous avons vu, en tout et pour tout, une dizaine de patients. Un véritable bazar. Premier pataquès : j’ai expliqué que je n’étais pas certain d’être couvert si quelqu’un faisait une réaction au vaccin. Aucun des responsables du centre ne pouvait me fournir de réponse. Coup de fil à l’administration. Attente, re-téléphone. Finalement, j’apprends que oui. Ensuite, nous mentionnons l’existence d’une possible contre-indication entre l’administration du vaccin et les anti-coagulants que prend l’une des personnes venue se faire vacciner (une précaution en effet à prendre étant donné que l’administration se fait par voie intra-musculaire). A nouveau, il nous faut encore attendre pour avoir la réponse. Enfin, les patients eux-mêmes n’ont pas été épargnés. Ils n’étaient pas informés du fait que la vaccination se faisait en deux fois. Autant dire qu’il étaient ravis d’apprendre qu’ils devaient revenir dans trois semaines. Tout comme moi qui pendant ce temps n’était pas à mon cabinet à voir mes patients « . Pendant combien de temps encore ? Le Dr Bénaïs ne le sait pas. Il n’y a pas de date de fin effective sur sa notification de réquisition.
« N’oubliez pas que dans le cadre de la vaccination contre le virus H1NI, tous les généralistes sont de fait, réquisitionnés. Les volontaires, comme les non-volontaires », rappelle le co-président d’Union généraliste, le Dr Claude Bronner. C’est d’ailleurs bien là le problème. Et un peu partout dans les six coins de l’Hexagone, ils sont nombreux depuis le 12 novembre, à en avoir fait l’expérience. « Dans le Cantal, tout d’abord, puis en Gironde, après en Seine-Saint-Denis… ensuite, la responsable de la cellule ad hoc au sein de MG-France, reconnaît perdre la trace de la chronologie. On peut désormais y rajouter le Nord-pas-de-Calais et la Basse-Normandie. « Une cartographie des réquisitions en temps réel est en l’occurrence, impossible à mettre en place, explique pour sa part le Dr Vincent Rebeillé-Borgella. Logique, puisque le procédé est par nature évolutif, et il qu’il faut en, outre, tenir compte du décalage entre la notification de réquisition elle-même, et le moment où le généraliste qui le souhaite, fait remonter l’information à son syndicat, ou, le cas échéant à son Urml.
Unanimes, les syndicats ont donc fait remonter leurs doléances aux pouvoirs publics : « que les cabinets médicaux puissent eux aussi effectuer cette vaccination comme ils le font pour la grippe saisonnière ». « D’autant qu’aujourd’hui, ne serait-ce qu’en simples termes de santé publique, le système marche sur la tête, les médecins généralistes sollicités par leurs patients pour obtenir un conseil quant à l’opportunité vaccinale, doivent conclure l’entretien en avouant leur impossibilité de vacciner », développe le président de l’Unof, le Dr Michel Combier. Peut-être la réunion qui devait se tenir hier au ministère entre les syndicats médicaux, les Urml et les autorités de tutelle aura-t-elle été l’occasion de débloquer la situation. En attendant d’en avoir le cœur net, une dernière petite anecdote pour la route, celle du Dr Alain Muel, généraliste à Peymenade, un bourg de 8 000 habitants niché dans les Alpes-Maritimes. « Non, je n’ai pas fait l’objet de réquisition, explique-t-il en préambule. Mais, du fait de l’organisation de la prévention H1N1, je viens de prescrire un aller-retour en ambulance pour le centre de vaccination de Grasse à l’un de mes patients. Ce dernier est hémiplégique et souffre de sérieuses difficultés respiratoires. A l’arrivée, j’apprends que ce centre de vaccination présente la délicieuse particularité de nécessiter la descente d’une trentaine de marches pour y accéder. N’aurait-il pas été moins coûteux pour l’assurance-maladie et plus adapté pour mon patient, que je puisse réaliser la vaccination à mon cabinet ? »
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