S UR la conception même du diplôme d'études spécialisées (DES) de gynécologie obstétrique et de gynécologie médicale, en discussion depuis 1999, médecins, enseignants et internes sont en total désaccord avec les intentions du ministre de la Santé.
Bernard Kouchner propose une formation à deux vitesses : 4 ans pour la gynécologie médicale, 5 ans pour la gynécologie obstétrique. C'est ce qui ressort de la nouvelle rédaction de la maquette du DES qu'il a adressée aux représentants de la profession accompagnée d'une lettre laissant peu de place à la concertation : « Après mûre réflexion, elle me semble pouvoir être acceptée par tous », précise tout simplement le ministre. Dans un communiqué commun, les présidents du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), de la Conférence nationale des professeurs des universités, praticiens hospitaliers de gynécologie-obstétrique, de l'Inter syndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH), de l'Association nationale des gynécologues-obstétriciens en formation et de la Fédération des cercles des gynécologues-obstétriciens des hôpitaux généraux expriment pourtant leur opposition unanime à c projet.
Ils le contestent, car, disent-ils, il « divise la gynécologie obstétrique et la gynécologie médicale au lieu de les maintenir dans la même profession ».
Ils reprochent par ailleurs au ministre de la Santé, de ne pas respecter les modalités reconnues par les instances européennes, et de créer un diplôme de gynécologie médicale qui sera reconnu uniquement en France. Enfin, ils estiment que ce projet « ne respecte pas le libre choix des futurs spécialistes eux-mêmes qui aspirent à une formation aussi complète que possible, quel que soit leur mode futur d'exercice »
« Cette formation "bradée" risque de détourner une partie importante des futurs médecins de cette spécialité », ajoutent-ils.
Créée en 1999, la nouvelle filière de l'internat de médecine pour l'accès à la formation de gynécologue-obstétricien, est destinée à augmenter le nombre de futurs gynécologues-accoucheurs, rappellent-ils. « Outre la pénurie actuelle de gynécologues-obstétriciens, il faut que la formation permette d'enrayer au plus vite la désaffection de la spécialité qui va de pair », souligne le Dr Bruno Carbonne, secrétaire du CNGOF.
A l'opposé de ces revendications, le Comité de défense de la gynécologie médicale, qui continue à militer pour un diplôme spécifique et dont la pétition a recueilli plus de 1 600 000 signatures, a trouvé un soutien auprès du groupe communiste du Sénat. Le 1er août, Nicole Borvo, présidente de ce groupe parlementaire au Palais du Luxembourg, et 16 de ses collègues de la même formation ont déposé une proposition de loi tendant à restaurer un diplôme spécifique de gynécologie médicale et à préserver le libre accès des femmes au gynécologue de leur choix.
Opposés à un diplôme d'études spécialisées unique, les parlementaires demandent un diplôme spécifique, « gage d'une formation de qualité d'un nombre suffisant de gynécologues médicaux ».
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