La parution au « Journal officiel » en janvier 2003 du décret instituant la spécialité de gynécologie médicale aux côtés de l'obstétrique marquait une grande victoire pour ses partisans. Paradoxalement, deux ans plus tard, on attendait toujours que soient nommés des enseignants de GM (gynécologie médicale). Pourtant, les étudiants reçus au concours de l'Internat de 2003 et ceux qui ont participé aux ECN (épreuves classantes nationales) ont bel et bien occupé les vingt postes attribués à cette spécialité. « Il était donc nécessaire de trouver une solution pour que puisse être complètement validée leur maquette de formation, en application de la loi, aussi bien sur le plan théorique que pratique », explique le Dr Gérard Boutet, président de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (Fncgm). Lui et d'autres représentants de la gynécologie-obstétrique, de la médecine du développement et de la reproduction, des endocrinologues et les présidents de tous les conseils nationaux des universités (CNU) ont été réunis par le ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche en avril dernier. Résultat : la publication le 15 octobre d'un arrêté qui introduit la gynécologie médicale en « option » dans trois sous-sections. Elle apparaît dans la section inchangée 54-03 à côté de la gynécologie-obstétrique et dans les deux nouvelles sous-sections 54-04 et 54-05 comprenant respectivement « endocrinologie, diabète et maladies métaboliques », et « biologie et médecine du développement et de la reproduction ».
Il s'agit pour le président de la Fncgm d'une « réponse très pertinente et œcuménique, remarquablement adaptée à nos attentes ». En effet, les professeurs de gynécologie médicale seront désormais nommés par un jury d'« intersection », ce qui permet à la spécialité de conserver sa transversalité, note le Dr Boutet.
« C'est en venant de tous les horizons que l'on peut bien comprendre la gynécologie médicale », renchérit le Dr Clara Pélissier, présidente d'honneur de la Société française de gynécologie et qui a, elle aussi, participé aux débats. Reste à espérer, ajoute-t-elle, « l'application effective de cette loi, autrement dit que les enseignants vont être réellement nommés ». Il faudra pour cela attendre le 1er janvier prochain, date de l'entrée en vigueur du texte réglementaire.
Médecine d'urgence : vers la section autonome.
L'arrêté du 15 octobre a fait d'autres heureux : les médecins urgentistes, dont la spécialité apparaît en option dans chacune des trois sous-sections de la 48e section qui regroupe l'anesthésiologie et la réanimation chirurgicale, d'une part, la réanimation médicale, d'autre part, et la thérapeutique dans la troisième sous-section.
Le projet soutenu par les urgentistes était la création d'une sous-section entièrement consacrée à la médecine d'urgence. « Mais pour qu'une discipline ait son corps universitaire, il faut un noyau dur existant », estime le Pr Bernard Nemitz, doyen de la faculté d'Amiens et conseiller auprès du ministre de l'Education nationale, qui reconnaît dans ce choix une « étape intermédiaire, mais extrêmement importante ». En pratique, ceux parmi les anesthésistes, réanimateurs ou thérapeutes qui, aujourd'hui, enseignent la médecine d'urgence, pourront se déclarer en tant que tels, en tant que professeurs et maîtres de conférences de médecine d'urgence. Ils sont une vingtaine dans ce cas en France, à enseigner et à pratiquer la médecine d'urgence dans les faits. C'est le cas du Pr Nemitz, qui a beaucoup œuvré pour la reconnaissance de cette spécialité. « Nous avons inventé la discipline sur le terrain, en marchant. Un cadre est désormais offert aux internes qui voudraient plus tard s'orienter vers une carrière universitaire dans cette discipline ».
Prochaine étape : la sous-section au CNU qui consacrerait la médecine d'urgence en tant que discipline à part entière. « Il y a dix ans, nous nous battions pour la reconnaissance hospitalière de la médecine d'urgence. Aujourd'hui, nous œuvrons pour sa reconnaissance universitaire. Et cela se fera une fois que nous aurons formé un corps de professeurs et de maîtres de conférences ». Cette étape n'est qu'intermédiaire, insiste le Dr Frédéric Adnet, qui préside la commission scientifique du Samu de France. « C'est un grand pas, mais nous ne pouvons en aucun cas nous en satisfaire. La médecine d'urgence devra vite passer en section autonome. ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature