Plusieurs milliers de personnes (3 000 selon la police, 15 000 selon les organisateurs) ont manifesté pour réclamer la « restauration d'un diplôme de gynécologie médicale autonome » et un « accès direct et remboursé au gynéco de son choix » à l'appel du Comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM).
Le 4 octobre, les députés ont adopté en première lecture, dans le cadre du projet de loi sur les droits des malades, un amendement qui crée « une qualification et un diplôme de gynécologie médicale spécifique » et souligne qu'il n'y a pas d'obligation de consulter un généraliste avant une visite chez un gynécologue médical. Selon Gisèle Jeanmaire, coprésidente du CDGM, cet « amendement n'est qu'un habillage parlementaire des propositions de M. Kouchner » et « ne garantit pas l'autonomie du diplôme de gynécologie médicale qui fait toujours partie d'un cursus en tronc commun » pour les gynécologues obstétricales et médicales.
Interrogé dans le cadre de l'émission Le grand jury sur LCI à ce sujet, le ministre a lancé : « Entre les obstétriciens et les (gynécologues) médicaux, c'est le Kosovo de l'esprit ! On a essayé de faire en sorte qu'ils s'entendent pendant deux ans, mais c'est impossible, c'est la haine entre eux ». « Je répète que les gynécologues médicaux sont formés en 4 ans et les obstétriciens en 5 ans. Il y a un accès direct à la spécialité, et la gynécologie médicale, qui n'existe nulle part ailleurs qu'en France, est maintenue », a-t-il souligné.
Le ministre ne doit pas seulement affronter la colère des gynécologues médicaux. Il doit aussi affronter la grogne des obstétriciens qui sont hostiles à sa réforme. Les plus grands noms de la gynécologie-obstétrique (Dubuisson, Frydman, Nizand, Papiernik, Tournaire, Zorn) s'engagent, dans un texte commun, à ne pas participer à l'enseignement tel qu'il est défini dans la nouvelle maquette de diplôme d'études spécialisées (DES) proposée par Bernard Kouchner. Au total, ce texte a été signé par 104 des 110 professeurs de gynécologie-obstétrique que compte la spécialité. Les présidents du Conseil national des universités (CNU), où le Pr Bernard Blanc représente la spécialité, du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), de l'Association des gynécologues obstétriciens en formation (AGOF), de l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH) et de la Fédération des cercles des gynécologues-obstétriciens des hôpitaux généraux, organisations qui sont à l'origine de ce texte, font part de leur refus de « former des internes d'une spécialité de gynécologie médicale dévaluée par une formation réduite à 4 ans ». Ils se déclarent en revanche prêts à participer à la formation de gynécologues médicaux dans un DES de gynécologie obstétrique et médicale de 5 ans et « engagent une réflexion sur l'organisation d'une formation complémentaire de gynécologie ouverte aux internes du DES de médecine générale ». Favorable au « maintien » et à la « réactivation d'une formation de gynécologie médicale », ils considèrent cependant que, « malgré sa qualité, la gynécologie médicale ne résoudra pas » certains grands problèmes de santé publique, car elle est « essentiellement exercée en milieu libéral et citadin » et que, selon eux, moins de 20 % des femmes peuvent en bénéficier actuellement. C'est pourquoi ils réclament l'implication des médecins généralistes formés de manière adéquate, afin de ne plus marginaliser les mesures de prévention et de dépistage. Au-delà de la formation, il leur paraît « urgent de revoir l'ensemble du dispositif de prise en charge des femmes et des enfants dans tous ses aspects et avec tous les professionnels ».
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