Nous avons vécu sur un système très hospitalocentré, soit les CHU depuis 1958. Et il faut en sortir dans la mesure où 80 % de la production de soins sans parler de la prévention est réalisée en proximité. D'où la nécessité de rétablir un équilibre entre la proximité et l'hyperspécialisation au cœur de ce plan. Un grand nombre de mesures s'attache à faciliter le travail des acteurs de proximité, d'où la création d'assistants médicaux et l'essor de communautés de professionnels. Ces soignants travailleront en lien avec les spécialistes dans les cliniques et hôpitaux et les hyperspécialistes dans les CHU d'aujourd'hui. C'est un système vertueux, en boucle. À partir de la recherche issue des organismes de recherche mais aussi de start-up et des industriels, l'innovation devrait s'accélérer via un retour d'information apporté par les patients grâce aux smartphones par exemple.
À un autre niveau, un grand nombre d'actes encore réalisés par les médecins sera demain délégué à des personnels dédiés. La création d'assistants pour les médecins libéraux est une première étape. Ces assistants se verront accorder ensuite des responsabilités accrues, comme en bénéficient aujourd’hui les sages-femmes par exemple. Avec ce développement annoncé des communautés professionnelles de territoire, quel est l’avenir des groupes hospitaliers de territoire, les GHT ? Si l'on va au bout du système, ils sont à terme condamnés. On ne peut avoir en même temps les communautés et les GHT. Il faudra laisser une liberté totale à ces communautés, le soin de construire leur écosystème, et surtout pas de normalisation, de directives et d'arrêtés. Ma crainte toutefois serait que la technostructure reprenne le pouvoir par l'intermédiaire des ARS. On peut avoir un décideur au plus niveau qui développe une vision où une liberté accrue est octroyée aux acteurs de terrain. Mais cette énergie s'épuise et disparaît alors dans les bureaux des ministères et des administrations. C'est le mal français. La technostructure a pourtant une mission, celle de valider, de contrôler, d'être le garant au plus niveau. Mais l'État ne peut être à la fois l'arbitre et le joueur qui tire au but. Désormais, il y a un gros travail de terrain pour expliquer les enjeux de ce plan. Je ne suis pas sûr que la tutelle et les relais ministériels disposent de cette fibre pédagogique. Dans ce projet, rien n'a été inventé. En revanche, une perspective est mise en place avec un rééquilibrage entre le public et le privé.
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