« Un jour j’achetai une momie : quelle joie ! Puis une autre. Pour gagner mon lit, j’étais obligé d’enjamber les cadavres. Je changeai de chambre ».C’est en 1904, lors des 25 ans du musée fondé par lui à Lyon en 1879, qu’Emile Guimet (1836-1918) évoque ainsi la naissance de sa passion pour l’égyptologie. Un homme et ses multiples passions racontés à travers 350 objets, photos, lettres… par le musée des Beaux-Arts de Lyon(1), après le dépouillement de plus de 70 cartons d’archives, de 15 volumes de correspondance et de multiples contacts avec ses descendants qui occupent toujours la maison familiale de Fleurieu-sur-Saône, dans la banlieue lyonnaise.
Polytechnicien, le père d’Emile découvre en 1826 la formule du bleu outremer ( le célébrissime « bleu Guimet ») qui révolutionne l’industrie de la teinture, remplace le lapis-lazuli en peinture et assure sa fortune. Emile grandit dans une atmosphère familiale scientifique, artistique (sa mère Zélie est un peintre de talent) et libérale qui fait de lui un homme très ouvert,érudit, passionné de philosophie, de musique, de théâtre, de voyages, de religions anciennes et d’orientalisme, ainsi qu’un industriel entreprenant et soucieux du bien-être de ses ouvriers.
Son premier voyage en Égypte, en 1865, est décisif. Il collectionne avec frénésie mais déjà en amateur averti. Il veut « comprendre » les civilisations et leurs religions, multipliera les contacts avec savants, chercheurs et archéologues tout au long de sa vie et les responsabilités au sein de sociétés savantes. L’idée d’un musée consacré à « l’histoire des religions et des civilisations orientales » s’impose à lui lors d’une mission au Japon, en Inde et en Chine en 1877. Musée qu’il construit à Lyon, sur ses deniers, et inauguré par Jules Ferry en 1879.
Dix ans plus tard, c’est Sadi Carnot qui inaugure le « musée Guimet » de Paris (2), construit sur le même modèle que celui de Lyon. Chose rarissime, Emile a fait don de sa collection à l’Etat de son vivant. Et financera les fouilles d’Antinoé et de Coptos, en Égypte.
Riche, bien mise en scène, cette exposition explore avec bonheur (et pour la première fois) une personnalité extraordinaire et méconnue, à laquelle l’histoire et l’enseignement de l’art sont infiniment redevables.
(2) Musée Guimet – musée des Arts asiatiques, 6, place d’Iéna – 75016 Paris.
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