Onze ans après les faits, l'étude dirigée par Macfarlane G. J. (« BMJ » 2003 ; 327 : 1373-1375) compare les taux de cancers relevés parmi 51 721 anciens combattants britanniques de la guerre du Golfe avec ceux observés chez 50 775 militaires qui n'ont pas été envoyés en opérations ; l'incidence des cancers est presque identique dans les deux cohortes. Même chez ceux qui ont subi de multiples vaccinations et ont été exposés à des pesticides ou à des munitions à l'uranium appauvri, le risque de cancer n'est pas plus élevé. Les auteurs indiquent cependant que, compte tenu de la période de latence possible, les deux groupes devraient continuer à faire l'objet d'un suivi.
La deuxième étude (M. Hotopf, « BMJ » 2003 ; 327 : 1370-1372) effectue des comparaisons médicales entre d'anciens combattants du Golfe, de la Bosnie et d'autres régions du monde. Les résultats issus de ces trois cohortes avaient fait l'objet d'une première publication en 1997, qui avait conclu à des problèmes de santé plus nombreux, plus sérieux et davantage persistants parmi les anciens du Golfe. Quatre ans après, la nouvelle étude mesure une modeste réduction de la prévalence de la fatigue, du stress post-traumatique et de ce qui a été décrit comme « syndrome de la guerre du Golfe ». Dans le même temps, les membres des deux autres cohortes ont présenté des symptômes plus nombreux, avec une incidence supérieure et l'apparition de pathologies nouvelles.
Fossé légèrement réduit
Les auteurs soulignent que, si l'évolution enregistrée chez les anciens du Golfe s'inscrit dans des limites relativement mineures. Le fossé, en termes de santé, qui les sépare des autres anciens combattants, compte tenu de l'évolution inverse enregistrée chez ces derniers, s'est légèrement réduit.
Dans un éditorial consacré aux conséquences de la guerre du Golfe en termes de santé, le Pr Daniel Clauw (université du Michigan) estime que les enseignements à tirer de ce suivi sont plus d'ordre général que spécifiques au conflit du Golfe. Les symptômes liés à la fibromyalgie, à la fatigue chronique, aux migraines et à l'irritabilité sont en effet aussi communs à l'ensemble de la population. Aucune exposition environnementale, à l'exception possible des vaccins, n'a pu être non plus associée au développement de ces pathologies complexes.
Et dans la quasi-totalité des conflits documentés à ce jour aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, le même type de symptomatologie complexe a été mis en évidence qui, dans l'histoire, a fait l'objet d'appellations diverses (« Soldier's Heart », « Shell Shock »...).
Les mêmes symptômes chroniques sont encore observés après d'autres événements que les guerres, par exemple les attaques terroristes, les catastrophes naturelles ou industrielles.
Cependant, il ne faut pas se tromper : les pathologies présentées par les anciens combattants du Golfe sont bien réelles. La communauté médicale et scientifique doit se garder de les banaliser et d'humilier ces patients.
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