C’est une invitation un peu particulière à laquelle le Collège de la Médecine Générale est appelé à répondre. Envoyé par la CSMF et le SML, le courrier qui lui est adressé, propose à son président, le Pr Pierre-Louis Druais, de les rejoindre pour fonder ensemble un Conseil National Professionnel (CNP) de Médecine Générale. Ce dernier avait pourtant été clair. Pas question d’intégrer la Fédération des Spécialités Médicales (FSM) sans que la médecine générale soit davantage représentée au sein de la Commission Scientifique Indépendante (CSI). Mais les deux syndicats, d’un pas décidé, réitèrent leur demande.
Peu de chances que le Collège de la Médecine Générale ait changé d’avis en si peu de temps. Sait-on jamais ? « Ils sont les bienvenus. De l’unité nait la force », invite encore le Dr Jeambrun, président du SML. Le président de la Conf’, Michel Chassang, semble lui aussi bien déterminer à aller jusqu’au bout. « La médecine générale doit être respectée comme une spécialité comme les autres. Nous sommes très attachés à la création d’un CNP avec les hospitaliers et les libéraux », explique-t-il. C’est bien là le problème. Pour les « anti-FSM », il n’est pas question de remettre en cause tout ce qui a été difficilement acquis par la médécine générale. « Nous sommes d’accord pour que les médecins libéraux avancent unis, mais nous ne voulons pas redonner la formation de ces médecins aux mains des hospitaliers. La médecine générale ne s’enseigne pas à l’hôpital », insiste le Dr Jean-Paul Hamon, chef de file de la FMF. Le dialogue semble donc rompu entre les « pro » et les « anti » FSM.
Un risque d’implosion ?
Cette discordance entre ses membres risque-t-il de faire imploser le Collège de la Médecine Générale ? L’existence de deux CNP côte à côte serait-elle à terme envisageable ? A priori oui. Car dans les textes, d’autres structures en dehors des CNP qui ont adhéré à la FSM peuvent soumettre des membres à la CSI, comme l’a fait le Conseil national de l’Ordre des médecins. Mais pour les deux syndicats que sont la CSMF et le SML, une cohabitation entre deux CNP n’est pas envisageable. Echanges d’amabilités : « Les pseudo-universitaires du Collège de Médecine Générale ont commencé à multiplier les institutions, et ils ont imaginé qu’on les suivrait mais ce n’est pas un CNP qui existe au sein du Collège», attaque le président du SML. « Ce n’est pas au Collège de décider. Il n’y aura pas deux CNP pour la simple et bonne raison que le soit disant CNP tel qu’il est constitué au sein du Collège n’est pas un CNP comme le définit la loi, et il n’a pas vocation à intégrer la FSM », abonde dans le même sens Michel Chassang.
Un dossier explosif pour Marisol Touraine
Du côté des partisans du Collège, on insiste sur le fait qu’il est légalement possible de faire exister deux CNP en même temps. L’un rattaché au Collège, l’autre à la FSM. « Je m’inscris complètement dans ce qui a été dit et fait par le Collège de la Médecine Générale », avance le Dr Claude Leicher, président de MG France. Pour lui, la façon de faire des deux syndicats polycatégoriels ne fait que créer une division au sein des généralistes. « Je ne les suis pas dans leur tentative de division », martèle-t-il. Avant de poursuivre. « La FSM n’est pas une structure publique. Il n’y a pas de texte de loi qui oblige à quoi que ce soit aujourd’hui vis-à-vis de cette association ». Pour le président du Collège de la Médecine Générale, cette idée de créer un CNP bis n’est qu’une « volonté de partition » de la part de deux syndicalistes. Mais cette menace est loin d’effrayer le Pr Pierre-Louis Druais. « Les deux syndicats peuvent s’interroger autant qu’ils veulent sur la légitimité de notre CNP auquel d’ailleurs ils ont participé, mais cela ne nous empêchera pas de continuer à travailler sur le DPC et à ne pas changer d’avis concernant la FSM », résume-t-il. Encore un dossier explosif que la nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine, devra éclaircir rapidement avec les professionnels de santé.
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