De plus en plus tangible chez nos lecteurs, la grogne sera-t-elle bientôt contagieuse au point de ressusciter la capacité de mobilisation d’une profession parfois plus prompte à la division qu’à l’unité ? C’est ce qu’espèrent (tout en le redoutant un peu…) vos syndicats qui ne manquent pas d’invoquer le souvenir de la grande grève de l’hiver 2001-2002 à l’appui de leurs revendications. Douze ans plus tard, ce mouvement reste en effet une référence pour la médecine générale. À plus d’un titre. D’abord pour sa longueur et son intensité : plus de six mois de grève des gardes pour parvenir à faire plier enfin les pouvoirs publics. Ensuite pour ses acquis : une belle augmentation (2,50 euros) obtenue in fine sur le C et une mesure symbole, la fin de l’obligation de PDS.
2002-2014… Le parallèle est, à plus d’un titre, tentant. Comme en 2002, cela fait plus de trois ans que la valeur du C n’a pas bougé. Comme en 2002, les pouvoirs publics font la sourde oreille aux demandes des généralistes. Comme en 2002, c’est la gauche qui est au pouvoir. Comme en 2002, l’impatience tarifaire se greffe sur une exaspération multiforme : harcèlement des caisses sur les prescripteurs d’IJ, crainte de nouvelles contraintes administratives via le tiers payant ou les nouvelles ententes préalables, normes sur l’accessibilité des locaux… Et tout cela se double d’une baisse de la densité médicale qui, à bien des égards, rend la situation encore moins supportable qu’il y a douze ans…
Le volcan médecine générale fume, mais difficile d’évaluer avec précision sa probabilité d’entrer demain en éruption. Si la « Journée sans professions libérales » de la semaine passée a été un succès pour les pharmaciens, le suivi des diverses consignes a paru moins unanime et plus diffus dans les cabinets de généralistes. Et, pour ne s’intéresser qu’à la partie visible de la contestation, la participation aux manifs organisées ce jour-là semble avoir été moyenne sinon médiocre chez les médecins et a fortiori chez les généralistes, au grand dam de Jean-Paul Hamon, le bouillant leader de la FMF qui, lui, ne manque jamais une occasion de battre le pavé. Pas le temps, pas les moyens, peut-être, de rejoindre les défilés… On a pourtant l’impression qu’il suffirait d’une étincelle pour enflammer les cabinets médicaux. Prudente sur la question du volontariat de la garde, Marisol Touraine se garde bien d’en rajouter. Mais il est clair que, pour les généralistes, il n’y a pas 36 solutions pour lézarder cette stratégie défensive…
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