Plus de risque de cafouillages en vue depuis que la grippe A (H1N1) qui avait affolé la planète l’an dernier est devenue un banal virus saisonnier qui cohabite avec un H3N2 et un B. Ces trois souches entrent donc dans la composition du vaccin contre la grippe saisonnière qui sera disponible à partir de vendredi en France métropolitaine. La campagne, qui doit s’achever au 31 janvier, a déjà commencé à la Réunion depuis le 20 août. Comme pour les années précédentes et contrairement à la campagne de vaccination contre la grippe pandémique de 2009-2010, les personnes cibles demeurent les plus de 65 ans, les patients présentant des facteurs de risque et les professionnels de santé (lire encadré FMC ci-dessous).
Avant l’été, la direction générale de la Santé avait, dans un premier temps, envisagée de proposer ce vaccin trivalent vaccination aux candidats habituels de la vaccination saisonnière, et d’indiquer l’administration du vaccin monovalent H1N1(celui de la saison dernière) à d’autres catégories de personnes qui s’étaient révélées plus vulnérables pendant la pandémie de grippe A (femmes enceintes et personnes obèses par exemple). Mais les données collectées après que l’OMS a décrété la fin de la pandémie fin août l’ont amené à « revenir aux règles antérieures » a justifié le DGS, Didier Houssin, jeudi matin en présentant la campagne. « Le virus H1N1 n’a pas évolué et en devenant saisonnier il a perdu de sa virulence, a expliqué le virologue Bruno Lina, directeur du Centre national de référence de la grippe pour le Sud de la France. La souche H3N2 qui a été détectée dans l’hémisphère sud circulait déjà bas bruit la souche B a aussi été repéré dans l’hémisphère sud. Tous ces virus sont restés stables. Ce qui fait que le vaccin trivalent est parfaitement adapté à l’épidémie telle qu’on la prévoit ». Les stocks de vaccins H1N1 (environ dix millions de doses encore utilisables à la fin du mois de novembre) seront néanmoins conservés afin de pouvoir être utilisés en cas de flambée brutale de cette souche.
Enfin, l’année dernière, autant la vaccination contre la grippe A avait fait un four (moins de 8 % de la population vaccinée), autant la campagne de vaccination saisonnière avait donné de bons résultats alors qu’on sait maintenant, a posteriori, elle n’a servi à rien puisque la quasi-totalité des cas de grippes en 2009-2010 ont été dus au H1N1. « Sur les 12 millions de personnes cibles, 7 millions ont été vaccinées, a indiqué Frédéric van Roekeghem, le directeur de la CNAMTS. Les médecins traitants ont réalisé six millions de vaccinations et les infirmières libérales un million. La délivrance directe du vaccin par le pharmacien, sans prescription médicale, a été utilisée dans plus de huit cas sur dix ». Le seuil des 60 % de personnes cibles vaccinées a donc été dépassé pour la première fois (60,2 %) alors que le taux de vaccination était de 58,7 % l’année précédente. Ce taux a notamment augmenté de 5 points chez les patients en ALD (54,4 %), de près de 10 points chez ceux souffrant d’asthme et de BPCO. Un petit mieux a été observé chez les 65/69 ans, population traditionnelle plus rétive à la vaccination car elle s’estime souvent en bonne santé : le taux passe de 53,7 % à 55,3 %. En revanche, curieusement, chez les plus de 70 ans, le taux de vaccination a reculé de 68,6 % à 66,8 %. « Les personnes qui ont déjà été vaccinées le refont en général volontiers l’année suivante, observe Frédéric van Roekeghem. En revanche, il y a un vrai effort à faire en direction des personnes qui n’ont jamais été vaccinées en particulier les 65/69 ans et les jeunes adultes à risque. Nous comptons beaucoup sur les médecins traitants pour cela. En outre, la vaccination par les infirmières, qui représente 17 % des injection, est une possibilité très utile pour aider les médecins surtout dans les zones rurales ou au domicile des personnes âgées ».
Au début de la campagne, les médecins traitants disposent, à titre indicatif, de la liste de leurs patients de 65 à 69 ans n’ayant pas été vaccinés au cours des trois dernières années. Celle-ci sera actualisée à mi-campagne. « Nous lançons une recommandation très forte pour que toutes les personnes à risque se fassent vaccinées » a lancé le Pr Didier Houssin, visiblement inquiet des dommages collatéraux des ratés de la campagne contre la grippe pandémique de l’hiver dernier.
Enfin, pour que les cordonniers ne soient plus les plus mal chaussés, les 130 000 professionnels de santé libéraux recevront cette année, pour la première fois, des bons de vaccination, pour eux-mêmes. La CNAMTS ne connaît pas le taux exact de vaccination chez les libéraux. Selon le baromètre « médecins généralistes » de l’INPES 2008-2009, celui-ci était de 74,8 %, mais il monte à 90 % lorsque les médecins exercent en groupe.
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