CONGRES HEBDO
Bien qu'il existe une controverse dans certains pays, il semble que l'immunisation de tous les enfants par un vaccin antigrippal atténué ou inactivé puisse réduire l'extension des épidémies de grippe.
En effet, d'une extrême contagiosité, le virus peut toucher, pendant les années « normales », plus de 30 % de la population totale d'un pays.
Les responsables
de l'extension
Peut-on supprimer la transmission interindividuelle du virus, et si oui, quelles en sont les conséquences ?
Pour répondre à ces questions, F. Ruben a d'abord analysé la circulation du virus grippal dans trois études épidémiologiques réalisées entre 1946 et 1981. Les résultats de ces travaux sont concordants : les premiers atteints dans les foyers sont les enfants d'âge préscolaire et scolaire, et ce sont eux qui, en contaminant adultes et fratrie, dispersent le virus.
Afin de répondre à la seconde interrogation, cet expert a approfondi deux études d'intervention axées sur ces sujets-index. Ces programmes de vaccination avaient pour objectif, au-delà de la protection des enfants, d'évaluer l'impact de leur immunisation sur la communauté.
La vaccination
des enfants réduit
la mortalité des adultes
Dans la première étude, des enfants américains scolarisés, âgés de 6 à 18 ans, ont reçu une souche très immunogène du virus grippal, puis leur devenir a été comparé à celui d'une population contrôle non vaccinée.
Cette stratégie s'est traduite par des résultats très positifs dans les écoles où les enfants avaient été vaccinés, puisqu'on y a noté une non-augmentation de l'absentéisme et des infections respiratoires aiguës. Ces complications, en revanche, étaient très majorées dans la population contrôle. Au-delà de ce bénéfice, il a été estimé que la vaccination a prévenu 2 800 maladies dans l'ensemble de la communauté.
La seconde étude, japonaise, menée de 1962 à 1994, a montré l'impact favorable sur la population générale de la vaccination antigrippale de tous les enfants des écoles, en termes de taux de décès par grippe et pneumopathies hivernales.
Cette politique, privilégiant l'immunisation des enfants plutôt que celle des sujets âgés, a entraîné une diminution, et ce au plan national, de la mortalité de toutes causes ainsi que celle liée à la grippe et aux pneumopathies durant toute la période vaccinale. Après l'arrêt de ce programme, le Japon a connu une recrudescence de la mortalité globale.
Etendre la vaccination à tous les enfants
Aux Etats-Unis, seuls 10 % des enfants à risque de complications de la grippe sont vaccinés, en partie à cause de la réticence des parents, heurtés par le terme « enfant à risque ». « La vaccination de tous les enfants sera vraisemblablement systématique dans deux à trois ans aux Etats-Unis », a conclu F. Ruben.
D'après la communication de F. Ruben (Etats-Unis).
Vaccination antigrippale : les recommandations*
Depuis 1999, les recommandations générales visent à protéger les sujets à haut risque de formes graves. Il est ainsi conseiller de vacciner toutes les personnes âgées de plus de 65 ans et celles présentant affection de longue durée, quel que soit leur âge.
Les recommandations particulières, plus récentes, sont les suivantes :
- au plan individuel, vacciner les individus exposés à des risques spécifiques (séjour dans un établissement de moyen ou long séjour, enfants et adolescents traités de façon prolongée par l'aspirine) ;
- au plan collectif, vacciner les personnes susceptibles de transmettre l'infection à des sujets à risque : professionnels de santé et professionnel en contact régulier et prolongé avec des sujets à risque.
*Avis des 19 et 25 novembre 1999 du conseil supérieur d'hygiène publique (comité technique des vaccinations et section des maladies transmissibles. « BO » 99/51).
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